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misphères opposés les saisons se suivent à six mois d’intervalle, et que les divers phénomènes en rapport avec les saisons s’équilibrent ainsi de chaque côté de l’équateur. C’est dans les diverses régions climatériques, considérées d’une manière isolée, qu’il faut étudier l’ordre suivant lequel les tremblemens de terre se produisent dans le courant de l’année. La fréquence relative de ces phénomènes pendant la saison d’hiver est alors bien plus facile à observer. Ainsi 656 secousses, énumérées en France par M. Alexis Perrey jusqu’en l’année 1845, se sont distribuées respectivement dans la proportion de 3 à 2 pour le semestre commençant en novembre et pour celui qui commence en mai. En Italie, d’après le même auteur, la différence a été beaucoup moins sensible, puisque sur 984 tremblemens de terre 453 ont eu lieu pendant le semestre d’été, d’avril en septembre, et 531 pendant le semestre d’hiver, d’octobre en mars; même dans ce pays où la plupart des grands mouvemens souterrains sont évidemment en rapport avec l’action volcanique, ces phénomènes sont sensiblement plus fréquens durant la partie froide de l’année. Dans la région des Alpes où ne se trouvent point de volcans, l’écart entre les tremblemens de l’hiver et ceux de l’été est bien plus considérable; en comparant les quatre mois de mai, juin, juillet, août à ceux de décembre, janvier, février, mars, on constate que les secousses sont trois fois plus nombreuses dans la deuxième saison que dans la première. Enfin, si l’on se contente d’étudier un seul centre de secousses, les différences qu’on observe entre les saisons relativement à la fréquence des chocs souterrains sont parfois bien plus fortes encore. Ainsi l’on peut citer, avec M. Otto Volger, la remarquable région du Valais moyen, où, sur un chiffre total de 98 tremblemens de terre connus, un seul a eu lieu en été, tandis que 72 se sont fait sentir en hiver.

Non-seulement les commotions souterraines sont plus fréquentes en hiver qu’en été, du moins dans les régions du centre de l’Europe, mais encore on a observé ce fait remarquable, que les chocs se font sentir plus souvent la nuit que le jour, et cela dans toutes les saisons de l’année. En Suisse, sur 502 tremblemens de terre dont la date et l’heure sont connues, 182 seulement ont eu lieu de six heures du matin à six heures du soir; 320, c’est-à-dire près du double, ont été signalés pendant les douze heures de la nuit : c’est pour chaque période journalière une série d’alternatives parfaitement semblables à celles de la période annuelle. Du reste il n’y a pas lieu de s’en étonner, puisque d’une manière très générale chaque jour peut être considéré, pour ses pluies, ses orages et tous ses phénomènes météorologiques, comme un résumé de l’année entière. L’heure de midi est à un certain point de vue l’été et celle de minuit l’hiver de chaque révolution diurne. Ne peut-on inférer à bon droit de cette oscillation régulière des tremblemens souterrains avec les heures et les saisons que ces phénomènes grandioses dépendent, du moins dans certaines contrées, des phénomènes extérieurs et non des fluctuations d’une mer de laves? Ne se rattachent-ils pas, ainsi que le dit M. Volger, à l’ensemble des lois qui règlent le retour de