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parens. Pendant les Feralia, les mariages étaient interdits, les temples étaient fermés, les images des dieux étaient voilées dans les carrefours, comme le sont les images sacrées pendant la semaine sainte. Ainsi succède au carnaval le carême, pendant lequel, à Rome, on ne peut pas non plus se marier. C’était un temps de superstitieux effroi ; alors les mânes, sorties de leurs tombeaux, erraient par la ville en poussant des gémissemens. Puis l’on célébrait les jeux terentins en l’honneur des divinités infernales. Sauf l’explosion de joie des Lupercales, le mois de février était un mois de cérémonies sombres et funèbres.

Le 1er mars, autrefois le premier jour de l’année romaine, voyait se renouveler les visites et les cadeaux du jour de l’an. Venaient ensuite des fêtes de Minerve, qui duraient cinq jours (quinquatries). Ces fêtes, d’origine étrusque, se célébraient le premier jour par le repos : les écoliers étaient en vacance ; c’était la fête des artisans aussi, des médecins, des pédagogues, des poètes, classés avec les artisans. Les trois jours suivans étaient remplis par des jeux de gladiateurs, divertissement d’origine étrusque aussi, et qui devait dominer dans une fête étrusque. Le cinquième, les joueurs de flûte, tous Étrusques, après que leurs instrumens avaient été purifiés, parcouraient les rues en robes de femme et masqués, ce qui faisait ressembler au carnaval les Quinquatries encore plus que les Lupercales. Ils finissaient par se rendre sur le Cœlius dans le temple de Minerve, qui avait, disait-on, inventé la flûte, et pour cette raison était la patronne de leur confrérie.

Le mois d’avril, le mois où, après les incertitudes de mars, le printemps triomphe décidément à Rome, était un mois de fêtes continuelles. Les calendriers romains comptent dans ce mois quinze jours sur trente consacrés aux jeux, et quatre fêtes : les Fordicidia, les Palilia, les Vinalia et la fête de la déesse Robigo.

Les jeux mégalésiens étaient consacrés à Cybèle et se célébraient sur le Palatin, où était son temple. Ils duraient six jours. C’étaient les jeux aristocratiques par excellence. Tout y était magnifique. Ils étaient ordonnés par les édiles curules ; les magistrats y paraissaient en robe de pourpre ; il n’était pas permis aux esclaves d’y assister. Dans ces jeux ne figurèrent jamais les plaisirs vulgaires du cirque ; ils étaient remplacés par les plaisirs délicats de l’esprit, par les représentations dramatiques, par les comédies, imitées du grec, de Plaute et de Térence.

Cependant ces jeux avaient aussi un côté populaire. La confrérie des prêtres de Cybèle portait sa statue à travers les rues de Rome, et cette procession tumultueuse était accompagnée du cortège en délire des ministres efféminés de la déesse asiatique, soufflant dans