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celle-ci s’élève encore un système supérieur. À la naissance de l’encéphale se trouvent les centres globulaires, qui commandent aux mouvemens respiratoires et aux contractions du cœur ; viennent ensuite le cervelet, qui coordonne les mouvemens volontaires, puis les lobes du cerveau où résident la volonté et l’intelligence. Les ganglions d’abord, la moelle ensuite, font successivement une sorte de triage parmi les actes réflexes, et n’en laissent arriver qu’un certain nombre aux régions supérieures du système, où paraît se concentrer la direction consciente de l’être. Ainsi l’on peut ramener à quelques lignes générales l’infinie complication de ce réseau si délié qui se ramifie dans toute l’étendue du corps.

Comment s’y propage l’action nerveuse ? Il y a quelques années, les travaux publiés par M, du Bois-Reymond et plusieurs physiologistes allemands semblaient avoir résolu ce problème. On acceptait avec une sorte d’ardeur une solution qui se présentait sous les dehors les plus séduisans. L’innervation était un courant électrique ; un courant parcourait le nerf sensitif pour aboutir à la cellule sensible ; un courant partait de la cellule motrice pour aboutir à l’organe du mouvement ; quelles que fussent les réactions opérées dans les cellules, elles prenaient dès lors une analogie manifeste avec ce qui se passe dans les piles ou les autres appareils électro-moteurs. On s’est refroidi sur cette explication : admise au début sans preuves suffisantes, elle fut ensuite rejetée par beaucoup de physiologistes sans motifs bien valables. On ne trouve point dans le corps humain les conditions simples où se présentent nos appareils électriques. Il est clair qu’un nerf ne peut être assimilé complètement à un arc conducteur et isolé, puisqu’il est lui-même, comme tout ce qui l’entoure, le siège de réactions incessantes. On s’est rebuté un peu vite à cause de la confusion des résultats donnés par les expériences. On apporte, pour infirmer l’existence de courans nerveux, des raisons qui ne paraissent pas d’un grand poids : les courans électriques, dit-on, se propagent lentement dans les nerfs, ils n’ont qu’une vitesse de 24, de 18 mètres même par seconde, ils vont moins vite dans les nerfs que dans les muscles ; on allègue encore qu’un nerf coupé, si étroitement qu’on en rapproche les segmens, devient impropre à la communication. Ce sont là des détails qui n’ont rien de décisif. Quoi qu’on puisse dire, on se trouve toujours en face de faits considérables et de haute signification. En faisant agir sur un nerf des courans électriques, — de véritables courans produits par nos machines, — on obtient la contraction des muscles, non-seulement la contraction instantanée, mais la contraction continue. Qu’on prenne un arrière-train de grenouille, les deux cuisses rattachées aux nerfs lom-