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Utque fit, in gremium pulvis si forte puellæ
Deciderit, digitis excutiendus erit :
Et si nullus erit pulvis, tameon excute nullum.


Ovide recommande une foule de petits soins qui, à l’en croire, ont souvent réussi : arranger un coussin, rafraîchir l’air avec un flabellum autour de la belle, ou placer un tabouret sous ses pieds ; ou encore on peut lui conseiller de glisser ses pieds dans les intervalles des barreaux de la grille qui la sépare du podium. « Lève-toi quand elle se lève, dit-il, et, tant qu’elle est assise, demeure assis. » On voit par Ovide que les théâtres à Rome, de son temps, étaient déjà une école de corruption :

Ille locus casti damna pudoris habet,


et dans son poème intitulé le Remède de l’Amour il peint leurs dangers dans les mêmes termes que les pères de l’église, dont ces aveux du léger poète justifient la sévérité.

Et puis le cirque a beaucoup d’avantages, dit Ovide : il offre des moyens d’entamer la conversation ; ce qui est annoncé publiquement peut fournir les premiers mots. « N’oublie pas de demander à qui appartiennent les chevaux qui vont courir. » — « Ce cheval est-il à Borghese, celui-ci à Piombino ? » Voilà ce qu’on se dit aujourd’hui pendant le carnaval, sur les estrades de la Place du Peuple, avant la course des Barberi. — Ovide a soin d’ajouter : « Bon ou mauvais, déclare-toi toujours pour celui qu’elle favorise. »

Ovide énumère les promenades que doit fréquenter celui qui cherche une beauté à séduire. Nous savons déjà qu’il doit aller, très soigné de sa personne, dans le portique de Pompée, qui est indiqué comme la promenade d’été. Le poète nomme avec lui d’autres portiques que nous connaissons, celui d’Apollon sur le Palatin, celui d’Octavie, celui d’Agrippa, et le portique Livius, orné de peintures anciennes ; même il permet, ce qui n’est pas très discret, de suivre celle qu’on veut toucher. « Elle erre d’un pied indolent sous le vaste portique ; mesure ton pas attardé sur les siens. Tantôt passe devant elle, tantôt reste en arrière ; précipite tour à tour et ralentis ta marche ; ne crains pas de franchir quelques colonnes pour te trouver à ses côtés. »

Abusant des choses sacrées pour un but très profane, Ovide engage aussi son disciple à fréquenter les temples, celui où l’on célébrait les fêtes d’Adonis, — ce devait être le temple de Cybèle, sur le Palatin, — le temple d’Isis, à ce moment hors de Rome, où il se passait bien des choses dont il valait mieux ne pas s’informer ; il l’exhorte même à se mêler à la foule des Juifs, quand ils