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ques par rapport à chaque atome ; l’effet commence, si l’on veut, autour de chacun des atomes ; c’est comme s’il ne commençait autour d’aucun d’eux, et le milieu reste uniformément dense : il faut un centre d’ébranlement pour en rompre l’uniformité. On demandera encore si ce n’est pas une supposition bien arbitraire que de donner aux atomes, et surtout aux molécules, la forme ronde qui semble nécessaire au premier abord pour expliquer la régularité des chocs et la symétrie de leurs effets. Ici encore il est aisé de répondre. La théorie des rotations enseigne en effet que les chocs ne dépendent pas de la forme extérieure des corps et qu’on peut toujours imaginer qu’un solide de forme quelconque soit remplacé par un globe ellipsoïde. La forme ronde n’est donc réellement nécessaire ni aux molécules ni même aux atomes. Bien d’autres objections seraient à détruire ; mais on conçoit que nous ne puissions ici analyser toutes les circonstances du phénomène. Notre but est atteint si l’on a saisi le principe général de l’explication qui vient d’être donnée, et si l’on voit comment le mouvement de l’éther peut produire l’attraction terrestre aussi bien que l’attraction sidérale.

Il reste un point cependant dont nous ne pouvons nous empêcher du dire quelques mots. On peut remarquer que l’astronomie moderne s’est faite tout entière sans la notion de l’éther. Ce sont les physiciens qui, d’abord par leurs études sur la lumière, puis par les inductions qu’ils en ont tirées, ont imposé à la science l’idée de ce fluide universel. On peut se demander dès lors si cette idée De va pas se trouver en désaccord avec les lois astronomiques qui ont été établies sans elle. Ceux qui répugnent à admettre l’exisôence de l’éther ne manquent pas d’objecter que la marche des astres doit être retardée par ce fluide, que les planètes, en raison de la résistance qu’elles rencontrent, doivent aller sans cesse en se rapprochant du soleil, et que cependant les astronomes ne constatent aucun symptôme d’un semblable effet. — Le retard existe peut-être sans qu’on puisse le constater, répondent les partisans de l’éther. Si nous nous plaçons sur le terrain des faits, nous sommes certains que ce retard ne peut être que très faible en raison de la ténuité du fluide qui le produit. On a établi des calculs d’après lesquels la résistance de l’éther raccourcirait de 3 mètres par an la distance de la terre au soleil ; la durée de l’année serait ainsi abrégée d’une seconde en six mille ans ; l’état de nos observations astronomiques ne permet pas de distinguer une pareille conséquence au milieu des perturbations déjà connues de l’orbite terrestre.

Ne trouvant point de faits décisifs dans les mouvemens planétaires, la controverse se rejette sur les comètes. Si la résistance éthérée est insensible pour les planètes à cause de la grande densité qu’elles présentent, elle doit être appréciable pour les comètes, qui