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branlement en couches concentriques dont les premières, les plus voisines de la molécule, seront les moins denses, et qui iront indéfiniment en augmentant de densité. On peut se représenter facilement cet état de choses et en tracer la figure : la molécule au centre, autour d’elles des sphères d’atomes espacées d’abord, puis de plus en plus rapprochées. Notons même en passant que la différence de densité des couches contiguës, comme tous les effets qui se propagent suivant des sphères concentriques, est inversement proportionnelle aux surfaces de ces sphères, c’est-à-dire aux carrés de leurs rayons.

Cela établi, supposons qu’une seconde molécule se trouve en un point quelconque de ce système. Elle rencontrera du côté de la première des couches d’éther moins denses que du côté opposé ; choquée par l’éther dans tous les sens, elle recevra cependant moins de chocs du côté de la première molécule, et elle tendra par conséquent à s’en approcher. Ainsi apparaît la cause de la gravité. La seconde molécule est poussée vers la première parce qu’elle rencontre des couches éthérées de densités différentes, et l’énergie de cette action, par la raison que nous avons indiquée tout à l’heure, est inversement proportionnelle au carré de la distance des deux molécules. On reconnaît dans cet énoncé la loi suivant laquelle agit la gravité.

Ce que nous venons de dire de molécules isolées s’applique d’ailleurs à des molécules groupées de manière à former un corps. Un pareil assemblage déterminera dans l’éther cette variation de densité que nous avons décrite ; il la déterminera avec d’autant plus de force que les molécules seront plus nombreuses ou la masse du corps plus grande. Les astres enfin ne sont que des corps volumineux sollicités par cette même cause qui fait tomber les graves à la surface de la terre. Pour les uns comme pour les autres, l’attraction n’est que cette tendance au rapprochement dont nous venons de rapporter l’origine à des impulsions extérieures.

Sans doute les indications sommaires qui viennent d’être données ne constituent pas une démonstration rigoureuse. Pour éclaircir une question de si haute importance, il faudrait suivre les phénomènes par le menu, montrer dans leur détail les répercussions d’ordres divers au moyen desquelles l’éther se dispose autour des molécules en couches différemment denses. Il faudrait aller au-devant des doutes que peut faire naître un pareil exposé, répondre aux principales objections qui peuvent se présenter. On demandera par exemple pourquoi l’effet que nous décrivons est propre aux molécules matérielles, pourquoi il ne se produit pas, au moins çà et là, autour des atomes éthérés. Ici la réponse est facile. Au milieu de la masse éthérée, en l’absence de toute molécule, tout est symétri-