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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.



14 novembre 1866.

Nous touchons à la réalisation de la convention du 15 septembre ; liée par un engagement prémédité et arrêté longtemps d’avance, la France va retirer le concours de ses soldats à la puissance temporelle du pape. Dans un mois, le sol italien sera enfin libre de ces interventions étrangères qui l’ont foulé durant tant de siècles. Le chef du catholicisme et le peuple italien vont se trouver seuls en face l’un de l’autre. Entre le jeune état italien et le vieillard auguste qui représente l’autorité centrale de la catholicité va se débattre la question de savoir si l’indépendance religieuse de la plus nombreuse des communions chrétiennes peut se concilier avec l’indépendance de la nation au milieu de laquelle cette autorité avait fixé depuis si longtemps sa résidence terrestre. Nous sommes au commencement d’une des plus grandes épreuves que la civilisation européenne ait traversées. C’est un moment unique dans l’histoire. Le court intervalle qui va s’écouler jusqu’à la sortie de Rome des soldats de la France forme la veillée obscure d’un événement qui doit inaugurer une ère religieuse et politique nouvelle. Dans cette attente, il est naturel que les perplexités des consciences s’accroissent ; mais il est nécessaire aussi que la raison de ceux qui, comme acteurs ou spectateurs influens, ont à jouer un rôle dans cette grave transition, s’élève, s’épure et s’affermisse.

Il faut que la convention du 15 septembre soit fidèlement exécutée par la France, et que les conditions en soient strictement respectées par l’Italie. Le doute sur l’accomplissement exact et complet des engagemens contractés par les deux états donne lieu en ce moment à une agitation de préoccupations, de soucis, de menées d’un ordre secondaire, qui cependant, si on ne savait point la dominer, pourrait produire de fausses mesures et des déviations fâcheuses. On éveille des paniques puériles à propos des périls personnels dont le pape serait menacé le jour où le pouvoir temporel