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Mais tout sort meilleur et plus beau
De la matrice du tombeau
Quoi qu’on y jette et qu’on y sème,
Et le sourire y naît des pleurs….
Et voilà comme il vient des fleurs
A la place de ceux qu’on aime.

Maîtresse, quand nous serons morts,
On mettra ton corps et mon corps,
Comme on met du grain, dans la terre,
Et mon désir et ta beauté
S’uniront dans l’éternité
Et féconderont le mystère.

Et de ces doux ensevelis
Naîtront des roses et des lis,
Et dans d’autres amours encore
Revivront nos amours défunts
Avec des ivresses d’aurore
Et des extases de parfums !


LA CHANSON DE LA NOURRICE.


En me promenant ce matin,
(J’aime la rose et le jasmin,
La rose éclose.)
J’ai rencontré, chemin faisant,
Un bel ange du ciel volant.
(J’aime la rose.)

Sa robe était de blanc satin,
(J’aime la rose et le jasmin,
La rose éclose. )
Et ses yeux d’étoiles bien doux.
« Mon bel ange, où donc allez-vous ? »
(J’aime la rose.)

« Madame, je vais mon chemin,
(J’aime la rose et le jasmin,
La rose éclose.)
« Des enfans petits dans mes bras;
« Madame, n’en voulez-vous pas?
(J’aime la rose.)