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LA METAPHYSIQUE
ET
LES SCIENCES POSITIVES
A PROPOS DE QUELQUES OUVRAGES NOUVEAUX.

I.
L'ECOLE EXPERIMENTALE.

Les adversaires de la métaphysique vont répétant partout qu’elle n’a jamais été dans un discrédit plus profond qu’aujourd’hui, que son culte est déserté, si l’on excepte un petit nombre de fidèles persistans voués par quelque infirmité secrète d’esprit à une idolâtrie obstinée, que ses rares adeptes n’apparaissent plus que de loin en loin dans l’immensité des régions intellectuelles, envahies par les sciences positives, comme des naufragés au milieu de la mer infinie, rari nantes in gurgite vasto. On nous assure que les savans, particulièrement les physiciens, les chimistes, les physiologistes, font profession de mépriser ce magnifique essor de la pensée spéculative que recommandent inutilement au respect public les noms de Descartes, de Leibnitz, de Schelling. Le premier article de foi que prétendent nous imposer certains dictateurs sans mandat de l’opinion scientifique est de nous obliger par une sorte de serment à ne croire qu’aux données et aux résultats empiriques de l’étude de la nature, à rejeter tout le reste parmi les songes ou les fables.