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expérience. Les essais qui ont été faits tendent pourtant à prouver que l’étincelle ne passe pas dans le vide, et c’est d’ailleurs la conséquence à laquelle on est conduit par des considérations d’un autre ordre. Ce ne serait donc qu’au sein de la matière pondérable que pourrait se produire le mouvement électrique.

Portons maintenant notre attention sur les phénomènes d’où naissent les courans ; nous en connaissons deux principaux, la chaleur et l’action chimique. Comment concevoir dans l’un et l’autre cas la naissance d’un courant ? Si deux barres métalliques, une barre de bismuth et une barre d’antimoine par exemple, sont soudées par une de leurs extrémités et que l’on chauffe le point de jonction, un courant se produit dans l’arc extérieur qui réunit les deux métaux ; tel est le principe de la pile thermo-électrique. Notez qu’il faut, au point que l’on chauffe, des métaux différens ; une différence de section dans un conducteur homogène ne suffirait pas pour engendrer un courant : il faut des molécules hétérogènes. Qu’est-ce à dire ? Reportons-nous à l’hypothèse que nous avons faite pour expliquer comment les corps passent de l’état gazeux à l’état liquide et à l’état solide. Nous avons dû admettre que chaque molécule entraîne dans son mouvement de rotation une sorte d’atmosphère éthérée. Quand des molécules hétérogènes sont juxtaposées, ce sont des atmosphères d’épaisseur et de vitesse différentes qui se trouvent en présence ; et si un échauffement vient troubler leur équilibre, on conçoit que cette circonstance rende libre un certain nombre d’atomes éthérés. Ces atomes se précipitent dans le conducteur comme dans un canal et y forment le courant. Plus les atmosphères des deux élémens métalliques seront discordantes, plus ce phénomène aura d’intensité ; il ne se produira pas quand toutes les atmosphères seront semblables, c’est-à-dire quand il n’y aura qu’un seul métal en jeu. L’action chimique produit un effet analogue sur une plus grande échelle. Quand deux corps se combinent, les atmosphères moléculaires sont énergiquement troublées ; une distribution nouvelle de l’éther se fait violemment autour des nouvelles molécules, et ce brusque changement chasse un nombre plus ou moins grand d’atomes éthérés. Ainsi les différentes piles, la pile thermo-électrique comme celles qui sont basées sur une combinaison chimique, nous montrent, à l’origine même du courant, la naissance d’un flux d’éther.

Né dans la pile, ce flux se continue dans le conducteur, et si nous considérons l’ensemble du circuit ainsi formé, il nous sera facile de voir que l’action chimique, l’électricité, la chaleur, le travail mécanique, s’y produisent suivant cette loi de transformation mutuelle à laquelle nous nous sommes efforcé de réduire tous les phénomènes physiques. La force vive due à l’action de la pile