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qu’on exprime en disant que les aires décrites par les planètes sont proportionnelles aux temps, ou que les planètes décrivent des aires égales dans des temps égaux. Un choix heureux des variables est donc, à vrai dire, une condition essentielle de succès, c’est presque la difficulté principale de toutes les recherches physiques. Combien cette considération n’augmente-t-elle pas encore d’importance quand il s’agit non plus des quantités qui servent à apprécier une loi particulière, mais de celles qui doivent servir de mesure à toute une classe de phénomènes !

On voit maintenant le premier pas que les électriciens ont à faire. Il faut qu’ils arrivent à une mesure commune et commode des actions électriques ; faute de s’être concertés à cet égard, ils travaillent chacun pour soi, ne peuvent coordonner leurs découvertes et n’arrivent pas toujours à se comprendre les uns les autres ; il y a entre eux une sorte de confusion des langues. Qui la fera cesser ? qui fournira les bases d’une entente commune ? L’Association britannique a fait pour y parvenir, depuis cinq ans, de louables efforts : l’Association britannique est, comme on sait, une société privée qui s’occupe, en Angleterre, de l’avancement des sciences, et dont l’attention vigilante se porte successivement sur tous les points où il y a urgence de faire des recherches. Pour favoriser les progrès de la télégraphie sous-marine, elle a nommé, dès 1862, une commission qui a considéré dans son ensemble la question de la mesure des phénomènes électriques et proposé une solution acceptable à la rigueur, quoique fort compliquée[1]. En France, ce problème ne paraît même pas être à l’ordre du jour. Nous avons bien aussi une association pour l’avancement de la physique du globe, mais ses membres paraissent n’avoir plus rien à désirer quand on leur a montré tous les mois la lune à l’Observatoire.

Aussi bien, que la question des unités électriques soit tranchée

  1. Une première commission avait été instituée en 1861. Elle avait pour but spécial de fixer un étalon de résistance qui permit d’apprécier, au point de vue de la transmission électrique, la valeur des câbles sous-marins fabriqués dans les usines anglaises. Les travaux de l’Association britannique n’ont donc pas été sans influence sur les admirables perfectionnemens qu’a reçus on Angleterre l’industrie de la fabrication des câbles, et qui ont permis récemment d’établir entre l’Europe et l’Amérique une communication télégraphique. La commission de 1861 fut remplacée par une nouvelle commission nommée en 1862 et où figurent MM. Wheastone, Thomson, C. W. Siemens et Charles Bright. Cette nouvelle commission n’a pas borné son travail à la mesure des résistances ; elle a envisagé la question générale des unités électriques, cherchant à les lier étroitement avec les unités employées en mécanique. Des expériences ont été faites à King’s College pour déterminer le degré de précision qu’on pourrait obtenir dans la pratique en appliquant les vues théoriques de la commission. Le résultat de ces travaux est consigné dans un rapport rédigé par M. Fleeming, Jenkin, et que la commission a publié en faisant une sorte d’appel au monde scientifique.