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exercera sur les parois sera proportionnelle au nombre de ses molécules, c’est-à-dire à sa densité ? Proportionnalité de la pression à la densité, c’est, comme on voit, la loi de Mariotte.

Maintenant, à pression et à température égales, les différens gaz contiennent sous le même volume le même nombre de molécules. C’est un fait mis surtout en évidence par les chimistes et qui peut se déduire de notre hypothèse : puisque les actions moléculaires proprement dites sont négligeables, on conçoit que les molécules des différens gaz, douées de la même liberté, se rangent, toutes circonstances égales d’ailleurs, à des distances égales, et se trouvent en même nombre sous le même volume. Un litre d’hydrogène, un litre d’oxygène, un litre d’azote, renferment ainsi un nombre uniforme de molécules. Qu’arrivera-t-il si l’on mélange deux gaz ? Le même principe s’appliquera au mélange, puisqu’il n’y a pas d’action spéciale qui soit due aux rapprochemens moléculaires, puisque la nature de la molécule paraît indifférente dans le phénomène. L’air atmosphérique se comportera à cet égard comme l’oxygène pur, comme l’azote pur. C’est la loi des mélanges gazeux signalée par Gay-Lussac.

Puisque l’espacement est le même, quelle que soit la masse des molécules, on doit prévoir qu’une même quantité de chaleur sera nécessaire dans tous les gaz pour élever d’un degré la température de la molécule élémentaire. On objectera peut-être que les molécules les plus pesantes recevront de cette quantité de chaleur une vitesse moindre : cela est évident ; mais il est évident aussi qu’elles ont besoin d’une vitesse moindre pour manifester cet effet que nous appelons un échauffement d’un degré. Nous voilà donc parvenus à ce résultat, que les molécules élémentaires des gaz différens sont échauffées d’un degré par une même quantité de chaleur, quelles que soient d’ailleurs leurs masses ou, comme disent les chimistes, leurs poids atomiques. Sous cette forme, on reconnaît une loi célèbre à laquelle Dulong et Petit ont donné leur nom.

Gay-Lussac a établi, comme on sait, que le coefficient de dilatation est uniforme pour tous les gaz. Or n’est-ce pas là une suite naturelle des faits que nous venons d’exposer ? Ces molécules, qui toutes se placent d’elles-mêmes à la même distance et qui toutes absorbent une même quantité de chaleur pour accroître leur température d’un degré, ne doivent-elles pas toutes s’écarter également dans cet accroissement de température ? Les expériences de Gay-Lussac ont montré que le coefficient de cette dilatation uniforme est d’un 273° du volume primitif.

On pourrait continuer cet examen ; mais nous en avons dit assez pour montrer comment de notre définition même des gaz découlent