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vice-amiral Albini, à la tête de quatre frégates en bois, se rendrait à Porto-Manego pour y effectuer, si faire se pouvait, un débarquement, après avoir éteint le feu de la batterie San-Vito qui le défend, pendant que. le contre-amiral Vacca, qui commandait une division de trois frégates cuirassées, irait jeter des obus sur les batteries de Porto-Camisa, et rechercherait si cette partie de l’île n’offrait pas quelque plage convenable pour y prendre terre. En même temps le commandant Sandri avec quatre canonnières se porterait sur Lésina, pour y détruire le poste télégraphique qui fait communiquer Lissa avec Pola. Deux avisos placés en éclaireurs sur les routes par où pouvait venir l’escadre ennemie, l’un au nord-ouest, l’Exploratore, l’autre au sud-ouest, la Stella-d’Italia, devaient signaler l’approche de tout bâtiment suspect ; enfin un transport de vivres et le navire-hôpital, à l’abri de l’îlot Buso dans l’ouest-sud-ouest de Lissa, étaient disposés de manière à répondre à tout appel. Le mouvement devait commencer le lendemain, 18 juillet, au point du jour, et en effet ce jour-là, lorsqu’à onze heures du matin la frégate Garibaldi rallia la flotte, tous les bâtimens se trouvaient aux postes assignés, l’île était investie tout entière, et le contre-amiral Vacca ouvrait le feu contre Porto-Camisa. Presque en même temps l’amiral Persano, qui avait partagé en deux divisions son escadre cuirassée, attaquait sous vapeur, par le nord et par le sud à la fois, les fortifications de l’entrée de San-Giorgio. Sur ce dernier point, tout semblait aller pour le mieux ; les parapets et les pans de murailles en moellons volaient par éclats au choc des boulets creux des navires ; à une heure, l’explosion d’une poudrière faisait sauter en l’air la batterie à gauche de rentrée ; puis une seconde éclatait dans le fort à droite, allumant çà et là des incendies ; enfin à trois heures et demie le drapeau du fort Sari-Giorgio était abattu, les canons, démontés ou privés de leurs défenseurs, se taisaient à l’exception de deux bouches à feu de la tour du télégraphe, qui, trop élevées pour être atteintes par les boulets des navires, continuaient à tirer sans relâche.

L’ennemi cependant ne se décourageait pas ; dès que la canonnade des Italiens semblait se ralentir, il relevait ses canons et rouvrait son feu. On aura une idée, nous ne voulons pas dire de la précipitation, mais de la chaleur de l’action du côté de la flotte, par ce fait que le Re-d’Italia seul a tiré treize cents coups, et qu’à un moment où il s’était approché jusqu’à 400 mètres du fort, il lança en quelques minutés cent sept projectiles Armstrong et autres. « C’était un bruit infernal, écrit le lendemain le député Boggio, des impressions duquel nous ne voulons pas garantir l’exactitude. Votre humble correspondant (c’est au ministre de la