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L'ECONOMIE POLITIQUE
DES OUVRIERS

I. Conférences de l’Association polytechnique, recueillies et publiées par M. Évariste Thévenin, 1866. — II. Rapports des Délégués des ouvriers à l’Exposition de Londres en 1862. — III. Congrès des Ouvriers à Genève en 1866.

Aucun siècle ne se sera plus occupé que le nôtre de la condition de l’ouvrier, n’aura étudié avec plus de suite ses vœux et ses besoins. Les circonstances ont fait de cette étude un devoir et une nécessité. Sous les divers régimes qui se sont succédé depuis soixante ans, le sort de l’ouvrier a été par la force des choses toujours un souci, quelquefois une menace pour la communauté. D’une part, le génie des découvertes, en ouvrant au travail manuel des domaines nouveaux, a marqué son passage par de brusques déclassement ; de l’autre, les révolutions politiques ont à plusieurs reprises troublé les existences et laissé les bras sans emploi. De là des crises périodiques d’autant plus violentes qu’on avait affaire, non pas, comme autrefois, à des groupes contenus par des liens corporatifs, mais à des masses disposant d’elles-mêmes et de plus en plus pénétrées du sentiment de leur importance. Cette importance est désormais des mieux démontrées ; elle s’est sensiblement accrue par les bienfaits d’une instruction plus libéralement répandue et l’exercice de droits politiques qui ont associé plus directement le peuple aux destinées de l’état. C’est donc là un champ d’observations toujours ouvert, une enquête constamment à reprendre. Pour l’intérêt et le repos communs, il est bon de savoir ce qu’a éprouvé au cours du temps, ce que dît et pense, jusqu’à quel