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se convertir en certains mouvemens moléculaires, ceux-ci doivent aussi facilement subir la conversion inverse. La réciprocité des motifs nous garantit celle des phénomènes.

Si l’on a cherché le lien naturel de tous les faits que nous avons citée, on aura vu que dans leur ensemble ils viennent à l’appui de cette grande loi que nous avons entrepris d’exposer, et que nous avons désignée sous le nom d’unité des forces physiques ; mais on aura vu en même temps le défaut de la méthode que nous sommes réduit à employer. S’il s’agissait d’un système tout fait, nous pourrions le développer progressivement et passer sans lacune d’une partie à une autre. Loin de là, il s’agit d’un système entrevu, à peine ébauché, dont les élémens sont tellement incomplets qu’on peut les trouver insuffisans. Que pouvons-nous faire dès lors, sinon montrer quelques parties vivement éclairées en laissant dans l’ombre ce qui est obscur ? De ces clartés disséminées, de ces lueurs fugitives, la conception de l’ensemble doit résulter. L’excursion que nous venons de faire à travers l’acoustique et l’optique nous à montré les parties de la science où l’on a le mieux étudié les phénomènes du mouvement que nous voyons maintenant au fond de toutes choses. Les mouvemens sonores, les mouvemens lumineux, ont été vérifiés, mesurés, scrutés, dans tous leurs modes ; mais en revanche les effets mécaniques en ont été à peine entrevus. L’étude de la chaleur nous offrira un résultat contraire : les mouvemens calorifiques sont tout au plus soupçonnés et fort mal connus dans leur nature propre ; mais les effets mécaniques en ont été démontrés par de splendides expériences et mesurés avec la dernière précision. Le son et la lumière d’une part, la chaleur de l’autre, voilà deux sujets d’étude encore incomplètement explorés ; mais ces deux études se complètent l’une l’autre, et, dès qu’on les rapproche, on voit s’éclairer vivement cette notion en vertu de laquelle la nature ne nous présente plus que des mouvemens transformables les uns dans les autres. C’est à des rapprochemens de cette sorte que notre thèse emprunte sa force principale. Voilà ce que nos lecteurs ne devront pas perdre de vue lorsque, dans un second article, nous continueront à mettre le système de l’unité des forces physiques en présence des faits que l’expérience nous a fait connaître. Il nous reste pour terminer cette revue à parler de la chaleur et de l’électricité, puis de ce groupe de forces similaires où nous avons déjà rangé l’attraction moléculaire, l’affinité chimique et la gravitation.


EDGAR SAVENEYV