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conséquences et l’observation est venue justifier ces résultats. C’est en poursuivant ce double travail que Fresnel s’est fait un nom glorieux : ses calculs, ses expériences sont également, mémorables ; l’on ne sait ce qu’il faut le plus admirer de la haute sagacité avec laquelle il a pressenti les faits ou de l’habileté pratique avec laquelle, il les a vérifiés. Dans aucune autre partie de la science, l’homme n’est encore arrivé si près des secrets de la nature et n’en a soumis, les phénomènes fondamentaux à des mesures si précises.

En signalant quelques-unes des lois de l’optique, nous ayons essayé de donner un corps à la notion de l’éther. On a vu comment les mouvemens de ce fluide ont été analysés, mesurés. On a vu que l’éther, tout en étant impondérable, possède les propriétés de la matière. Dès lors, si nous reprenons le fil qui doit nous guider, si nous nous plaçons au point de vue d’où les phénomènes physiques apparaissent, tous comme des échanges de mouvemens, nous sommes amenés à nous demander si on a pu préciser les conditions dans lesquelles les atomes de l’éther échangent leurs mouvemens avec les molécules pondérables. Répandu dans les espaces stellaires, joignant entre eux les globes célestes, l’éther pénètre aussi dans les cavités les plus profondes de tous les corps, et en baigne les dernières molécules. Il n’y a ainsi aucun phénomène où il n’intervienne pour jouer soit le rôle principal, soit au moins, un rôle secondaire. Si donc on pouvait connaître la masse et la vitesse des atomes éthérés, la masse et la vitesse des molécules pesantes, on aurait en quelque sorte la clé des sciences physiques. Celui du moins qui trouverait une liaison quelconque entre ces termes, qui pourrait saisir en quelque point leur relation, celui-là ouvrirait une source, féconde de découvertes.. Est-il besoin de le dire ? rien de semblable n’a été trouvé jusqu’ici. Nous constatons par les résultats l’action réciproque de l’éther et de la matière ordinaire, nous voyons un corps incandescent produire de la lumière, nous voyons cette lumière se convertir en action chimique ; mais dans aucun cas nous ne savons réduire le phénomène à ses éléments mécaniques et saisir sur le vif l’échange du mouvement.

Sur les distances mêmes des atomes, entre eux et des molécules entre elles, nous n’avons que des estimations tout à fait grossières et contradictoires. On suppose généralement que les vides laissés entre les molécules pesantes sont énormes par rapport à leurs dimensions. Thomas Young n’hésitait pas à affirmer, que les molécules de l’eau sont placées les unes par rapport aux autres comme seraient cent hommes également répartis sur la superficie entière de l’Angleterre, c’est-à-dire éloignés l’un de l’autre de trente milles anglais. toutefois les cristallographes sont loin de croire à des espacemens