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presque nulle. Le maximum a lieu dans le plan parallèle au plan de réflexion sur le premier miroir et que l’on appelle en conséquence plan de polarisation ; le minimum a lieu dans le plan qui fait avec celui-là un angle droit. Si au lieu de prendre un rayon de couleur déterminée, comme nous l’indiquions tout à l’heure, on opère sur la lumière blanche, on obtient des résultats analogues, un peu moins nets seulement, parce que l’angle d’incidence sous lequel ils se produisent est un peu différent pour les différentes couleurs. Quelle est donc cette modification que subit le rayon placé dans les conditions que nous avons dites ? Pourquoi ne se comporte-t-il plus comme un rayon ordinaire ? La vibration transversale va nous en donner la raison. Avant que le faisceau lumineux ne tombe sur la première lame, les ondes se propagent autour de lui transversalement dans tous les sens ; elles divergent autour de cet axe comme les rayons d’une roue partent du moyeu. Au moment de l’incidence sur le miroir, le verre absorbe une portion des ondes et réfléchit les autres. Quelles sont principalement celles qu’il renvoie ? Celles qui sont parallèles à sa surface, et qui ont ainsi moins de facilité pour la pénétrer. — Si nous poussons les choses à l’extrême pour rendre le phénomène plus intelligible, nous pourrons considérer le rayon réfléchi comme ne contenant plus que des ondes parallèles entre elles et à la surface du premier miroir. On dit alors que le rayon est polarisé, et ce terme, quoique inventé par Newton pour une hypothèse différente, exprime assez bien le fait. Qu’arrivera-t-il maintenant lorsque ces ondes, ramenées à une direction unique, viendront tomber sur la seconde lame de verre ? Elles seront intégralement réfléchies au moment où le miroir leur sera parallèle, et elles seront au contraire absorbées de plus en plus à mesure qu’on fera tourner ce miroir. Tel est dans son principe le phénomène de la polarisation, et l’on voit qu’il s’explique sans difficulté, si l’on prend pour point de départ l’ondulation transversale. Fresnel a même montré que si deux rayons polarisés à angle droit viennent à être superposés, ils ne donnent aucun signe d’interférence, alors même qu’il y a entre eux une différence d’une demi-longueur d’onde. On le comprendra, si l’on se reporte à la notion fondamentale des interférences, et l’on ne sera point étonné que des vibrations, lorsqu’elles se produisent perpendiculairement l’une à l’autre, n’arrivent point à se détruire comme elles font dans les autres cas.

Si nous poussions un peu plus loin cette étude, nous pourrions montrer comment les données admises au sujet des mouvemens lumineux ont successivement reçu d’éclatantes confirmation. Les principes posés, l’analyse mathématique en a développées