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de kilogrammètres. La cloche vibrera, et nous pourrons mesurer l’amplitude de ses vibrations au moyen d’un rayon lumineux réfléchi sur un petit miroir attaché en un de ses points ; c’est là un procédé souvent employé en acoustique pour amplifier les oscillations et les rendre mesurables. Si nous faisons ainsi une série d’expériences et que nous comparions les nombres qui expriment les chocs avec les nombres qui expriment les amplitudes oscillatoires, nous pourrons condenser le résultat de cet examen dans une formule qui nous donnera une idée de l’effet sonore des percussions diverses ; mais aurons-nous ainsi un véritable équivalent mécanique du son ? Pourrons-nous dire que l’unité de son équivaut à tant de kilogrammètres ? Pour cela, il faudrait commencer par déterminer une unité de son. On distingue dans le son plusieurs qualités : il y a la gravité qui dépend du nombre des vibrations, il y a l’intensité qui dépend de l’amplitude, il y a le timbre qui dépend de conditions plus complexes. Quel phénomène choisira-t-on pour comparer les divers sons entre eux, en tenant compte de tous leurs effets ? Il ne semble pas qu’on se soit occupé jusqu’ici d’une pareille question. On ne s’est guère attaché qu’au nombre des vibrations dont dépendent les théories musicales. A vrai dire, nous ne soyons pas qu’il y ait dans la pratique une utilité spéciale à choisir une unité sonore qui réponde aux conditions que nous venons d’indiquer. Nous n’insisterons donc pas sur ce sujet qui nous montre toutefois dès maintenant un des côtés nouveaux sous lesquels se présentent les études physiques.

Ce fut toujours une des principales difficultés des sciences d’observation que de déterminer convenablement les unités auxquelles il faut rapporter les phénomènes. Ce choix des unités prend actuellement une importance toute spéciale au nouveau point de vue où se placent les physiciens. Nous sommes donc là en face d’une question capitale qui appelle quelques développemens. Si nous ne faisons que l’effleurer à propos du son, c’est que nous nous réservons de chercher une occasion où elle puisse être traitée avec plus de fruit, car nous la retrouverons nécessairement sur notre chemin, à chaque pas, si nous voulons.

L’acoustique nous apprend que le son est un mouvement vibratoire soit de l’air, soit de l’eau, soit d’un autre milieu matériel analogue. En examinant les phénomènes optiques, nous allons voir apparaître l’éther comme agent de la vibration lumineuse, et cette conception de l’éther deviendra bientôt pour nous comme le lien de toutes les idées qui se rattachent à l’unité des forces physiques.

Prenons un prisme formé de deux lames de verre séparées par du sulfure de carbone, mettons-le sur le passage d’un faisceau de