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X.


Je sais bien que dans l’ombre on vous pousse, on vous suit,
Que vous clignez de l’œil du côté de la nuit ;
Je soupçonne la rage
De l’insulteur caduc sans être plus bénin,
Et qu’il vous reste encore un vieux fonds de venin
Très joli pour votre âge.

XI.


Il n’importe, cessez, taisez-vous, croyez-moi,
N’insultez plus au rêve, à l’espoir, à la foi,
Qui ne sont pas les vôtres.
Vos colères, c’est vrai, rapportent un bon prix ;
Mais craignez à la fin votre propre mépris…
Après celui des autres.

XII.


Ne vous indignez plus en vous battant les flancs.
Car lorsqu’un homme parle, un homme à cheveux blancs,
Il ne faut pas qu’on rie;
Répandez sur le sol votre restant de fiel,
Tout en y songeant plus, parlez-nous moins du ciel,
Bonhomme, on vous en prie.

XIII.


Cessez ! ne mettez plus cet orgueil et ce soin
À vous faire appeler La Bruyère du coin,
Vadé de sacristies ;
Faites cela pour Dieu, pour vous-même, pour nous…
Ah ! gamin enfroqué, quand donc jetterez-vous
Votre blouse aux orties ?

XIV.


Plus qu’un mot. S’il vous vient de telles âcretés,
Qu’il faille un exutoire à vos sénilités.
En vrai fils de la balle,
Traduisez de l’hébreu la Genèse en argot.
Ou tâchez de fonder pour le peuple cagot
Une chaire — à la halle.

EDOUARD PAILLERON.