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V.


Il s’essouffle, il écume, il injurie, il mord;
A défaut du vivant, il déterre le mort.
Sur toute belle chose
Il s’acharne, il trépigne, il en cherche l’envers;
Ne pouvant la détruire, il la salit en vers,
Il la salit en prose.

VI.


Bonhomme, calmez-vous. — Vous êtes imprudent;
Votre esprit prend du ventre, et vous manquez de dent
Pour remâcher vos haines.
Laissez nos dieux : progrès, amour et liberté;
Bonhomme, calmez-vous, — le bouc, en vérité,
Ne broute pas les chênes!

VII.


S’attarder dans la fange, ô vieillard, n’est pas bien;
C’est quand on est enfant ou qu’on le redevient
Qu’on s’y traîne et s’y joue.
Un chrétien est clément et ne blasphème point,
Et quand on est soldat et qu’on a l’arme au poing,
On ne prend pas la boue.

VIII.


Faire rire aux éclats ses amis et les sots,
Insulter tout le monde avec de vilains mots,
En citant l’Evangile,
Vieillard, je vous le dis, c’est un œuvre malsain...
D’ailleurs n’êtes-vous pas bien jeune pour un saint
Et bien vieux pour un Gille ?

IX.


Je sais bien qu’on vous parle et qu’on vous prêche en vain;
Votre vieille jeunesse est là comme un levain
Qui fermente et pétille,
Car vous fûtes un jour, comme Paul le Romain,
Renversé, vous aussi, jadis sur un chemin,
Celui de la Courtille.