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A UN SAINT HOMME


I.


Voilà qu’il recommence ! — On allait oublier
Cet Arlequin mystique et dévot à lier,
Et sa double démence.
Et l’on n’en parlait plus, voulant être poli.
Aussi près de la mort qu’il est près de l’oubli,
Voilà qu’il recommence !

II.


Cet homme est un chrétien, — d’ailleurs il se pourrait,
S’il ne l’écrivait pas, peut-être on le croirait, —
Et c’est pour un salaire.
Qu’il relève sa voix, rallume son ardeur,
Et nous fait rougir tous : les femmes de pudeur,
Les hommes de colère.

III.


Cet homme est un soldat, — il combat pour sa foi.
Combattre étant son but, provoquer est sa loi;
Il le dit, c’est sa tâche.
Et quand on veut le joindre, il plonge dans l’égout.
Et parce qu’à le suivre on sent quelque dégoût,
Il vous appelle lâche!

IV.


Cet homme est un vieillard, — cet âge est sans courroux,
Car le vieillard est bon comme le soir est doux;
Mais lui s’emporte, il jure,
Il se gonfle, il s’emplit de venin et de vent,
Et lance, pour prouver qu’il est encor vivant,
Une dernière injure.