Page:Revue des Deux Mondes - 1866 - tome 65.djvu/851

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ce dernier fut établi vers 1837 ; il fallut lui trouver du terrain, car l’espèce d’isthme sur laquelle s’élève, au milieu d’un océan de verdure, l’ancien observatoire, était déjà tout occupée par les bâtimens. Détacher une portion d’un parc royal n’est point chez nos voisins une petite affaire ; on obtint pourtant le consentement des commissaires des forêts et travaux publics, commissioners of woods and public works, ainsi que celui du ranger (gouverneur du parc). Dès 1838, un bâtiment en bois avait été érigé dans l’enceinte qu’on venait de retrancher de la promenade publique. Le nouvel observatoire, toujours dépendant de l’ancien, fut placé sous la surveillance de M. Glaisher, un savant de grande énergie, connu surtout du public anglais dans ces derniers temps par ses belles ascensions aéronautiques. On pénètre dans ce département par l’aile de l’édifice où se trouve le grand équatorial, et suivant un étroit sentier qui côtoie le jardin particulier de l’astronome royal on arrive sur un terrain enclos de planches noires en guise de mur. A l’entrée se dresse un grand mât, haut de quatre-vingts pieds et au sommet duquel est attaché un fil de fer destiné à recueillir l’électricité atmosphérique et à la conduire dans l’intérieur des bâtimens, où elle est ensuite analysée par divers appareils. Ces bâtimens, construits selon un système particulier, offrent à première vue plus d’un trait curieux ; non-seulement ils sont de bois, mais encore des pointes de bambou servent, au lieu de clous ordinaires, à en rajuster les parties : le fer et l’électricité sont deux amis dont il importait de prévenir la réunion dans le même local. Les fenêtres à grandes vitres jaunes montrent d’un autre côté que la couleur de la lumière n’est point du tout indifférente au succès des délicates expériences qui se pratiquent ici. Il a même été jugé nécessaire de construire en 1864, avec des briques choisies exprès, une chambre souterraine pour mettre les grands magnétomètres à l’abri des variations de la température. Ces instrumens, recouverts d’une enveloppe de planches, voilés, mystérieux comme les forces occultes de la nature qu’ils interrogent en silence, sont ce que les Anglais appellent self-registering, c’est-à-dire qu’ils enregistrent par eux-mêmes les résultats obtenus. Notre siècle a vu naître deux précieuses inventions : la télégraphie électrique et la photographie. On sait déjà le parti que l’observatoire de Greenwich a tiré de la première ; la seconde ne lui rend pas moins de services.

Les moindres déviations de l’aiguille magnétique, les degrés de la température à toutes les heures du jour, les vents et leur direction, la quantité de pluie tombée dans la journée, la force d’électricité dont sont chargés les nuages, les variations de l’atmosphère, tous ces phénomènes éveillent la sensibilité de certains instrumens qu’il fallait autrefois consulter à chaque instant de la journée, quelques-uns même de cinq minutes en cinq minutes. Depuis environ 1844,