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se fassent : plus même ils sont sévères, et plus n’y a-t-il point lieu d’admirer l’infatigable patience de ceux qui ont le courage de les poursuivre ? Cette branche de l’astronomie est toutefois celle qui flatte le moins l’imagination. L’observateur doit s’interdire tout sentiment à la vue des sublimes phénomènes du ciel et fixer d’un œil froid ces régions constellées de l’espace dont le silence effrayait Blaise Pascal. Il n’a même rien à voir, au moins pour le moment, dans l’ordre et la constitution des grands globes lumineux qui glissent au-dessus de sa tête. Leur place et l’heure qu’ils indiquent, voilà tout ce qui le regarde. Si pourtant on tient à ouvrir dans le ciel des perspectives plus vastes et plus mystérieuses, il faut se rendre dans la salle du great equatorial.

Logé dans le nouveau dôme du sud-est, new south-eastern dome, cet instrument est à coup sûr celui qui excite le plus à première vue la surprise et l’admiration des étrangers. Les gradins en amphithéâtre qui l’entourent d’un cercle de fine menuiserie, le plafond mouvant en forme de tambour, les ouvrages de fer qui supportent le télescope, tout respire ici un sentiment de grandeur et de majesté. L’objectif de la lunette, mesurant douze pieds trois quarts de diamètre a coûté à lui seul 1,200 livres sterling (30,000 francs.) L’instrument monté vers 1859 est pourvu de tous les accessoires pour faire des observations astronomiques en dehors du méridien. Indiquons tout de suite le caractère principal qui le distingue du transit-circle. Le grand équatorial n’est point destiné à recevoir une étoile qui vienne pour ainsi dire le visiter à l’heure et au lieu fixés du rendez-vous ; son rôle est au contraire de poursuivre dans le firmament les constellations vagabondes. Pour qu’il en fût ainsi, il fallait qu’il pût se mouvoir, lui et tout ce qui l’entoure, vers n’importe quelle direction du ciel. Il n’y a pas jusqu’à la chaise de l’astronome qui ne s’élève, s’abaisse, se tourne et s’ajuste en quelque sorte d’elle-même à la nature des observations. On dirait en vérité un fauteuil intelligent. Quant au toit, il est nécessaire qu’il s’associe également à la ronde des astres. Construit en bois, recouvert de zinc à l’extérieur et revêtu à l’intérieur de minces lames de fer, il roule sur des boulets de canon occupant de distance en distance le haut du mur circulaire auquel il s’appuie. Ce plafond s’ouvre et se désarticule en outre à volonté par le moyen de volets mobiles. Quand on veut changer son point de vue, on fait tourner une roue armée de dents de fer : le toit se met aussitôt en marche et s’arrête lorsque l’ouverture se trouve directement en face de l’observateur. Ce n’est pas encore tout : pour qu’on puisse scruter avec attention les mystères du ciel, il faut que l’objet contemplé reste longtemps visible à la même place. Or comment peut-il en être ainsi, puisque