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précision qui les distingue, servent de fondemens à la plupart des vues spéculatives sur le système du monde.

Une visite aux instrumens que possède cet observatoire nous fera encore mieux saisir le but et la destination des recherches scientifiques. Il existait à Greenwich, du temps de Flamsteed, ainsi que dans la plupart des anciens établissemens du même genre, un puits sec mesurant cent pieds anglais de profondeur, et dans lequel on descendait par des marches de pierre pour observer les astres durant la journée. Le progrès dans la construction des télescopes a rendu cette méthode inutile[1]. Aussi le puits a-t-il été depuis bien longtemps recouvert d’une arche. Aujourd’hui c’est dans diverses parties de l’édifice qu’il nous faut trouver ces instrumens, véritables espions du ciel, destinés à étendre la portée de nos sens et à en dissiper les erreurs. Trois d’entre eux méritent surtout d’appeler notre attention : ce sont le transit-circle, l’altazimuth et le grand équatorial.


II

Entrons d’abord au rez-de-chaussée dans une salle appelée transit-circle room (chambre du cercle du méridien), au milieu de laquelle s’élève une construction de pierre et de métal érigée vers la fin de 1850. Tout le matériel de l’observatoire a été renouvelé depuis moins d’une trentaine d’années, et la destination des anciennes salles se trouve aujourd’hui changée entièrement. Pas un seul des instrumens qui servaient encore lors de l’avènement du présent astronome royal ne fonctionne maintenant à Greenwich. Que sont pourtant devenus ces muets auxiliaires de la science ? On les retrouve de distance en distance suspendus aux murs dans les chambres s’ouvrant de plain-pied sur la cout. Voici par exemple un quart de cercle (quadrant), ouvrage d’Abraham Sharp. Cette précieuse relique avait été vendue pour le cuivre à un chaudronnier ambulant, et fut présentée à l’observatoire en 1865 par le révérend N.-S. Heineke. Ailleurs on peut voir le transit du docteur Halley, puis celui de Bradley, qui fut détrôné à son tour par un autre instrument meilleur appartenant lui-même au passé. Dans cette série d’avatars et de fossiles de la science, s’il est permis de les appeler ainsi, on suit en quelque sorte pas à pas les progrès mécaniques de l’astronomie. Quelques-unes de ces inventions, aujourd’hui bien dépassées, ont pourtant eu leur jour de gloire. Elles ont rendu

  1. Le soleil, Vénus, Mercure et d’autres astres sont maintenant visibles à toute heure du jour, pourvu que le ciel soit clair.