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gouvernement, il aidé de ses conseils et de ses lumières les services publics, bien sûr de n’être atteint lui-même par aucun des changemens du pouvoir ni par les luttes politiques. A sa maison est attaché un jardin découpé dans les terrains du parc et planté d’arbres à fruits. Il a sous ses ordres huit assistans et d’ordinaire six calculateurs (computers).

Les assistans sont généralement choisis par l’astronome royal, et leur nomination est soumise aux lords de l’amirauté. Les candidats qui se présentent aux places vacantes subissent de la part du chef de l’observatoire un examen en rapport avec la nature des fonctions qu’ils doivent remplir. Le cercle de connaissances qu’exige ensuite chaque avancement en grade est exactement tracé. Un des résultats de ce système a été de rompre avec la vieille coutume de promotion par ordre de séniorité qui n’a d’ailleurs jamais été très en vigueur à l’observatoire de Greenwich. Les assistans avancent par ordre de mérite, et l’astronome considère comme un devoir de perfectionner leur éducation scientifique. Aucun d’entre eux ne réside dans l’observatoire, et outre leur traitement ils reçoivent une indemnité pour le loyer d’une maison[1]. Le premier assistant, qui est le plus souvent un fellow (agrégé) d’Oxford ou de Cambridge, remplace l’astronome royal en cas d’absence ; mais, quelle que soit la confiance accordée à ces auxiliaires de n’importe quel rang, c’est toujours le chef de l’établissement qui répond devant le gouvernement et devant le public de la valeur des observations. Les calculateurs ou surnuméraires diffèrent des assistans en ce qu’ils sont entièrement à la discrétion d’un seul homme. Tandis que les premiers officiers ne peuvent être destitués que par les lords de l’amirauté, les computers sont engagés ou remerciés par l’astronome royal. Si l’on tient à comprendre le rôle de ces employés, il faut savoir que les observations du ciel les plus délicates et les plus minutieuses, quoique occupant souvent de longues heures, ne sont encore rien auprès des calculs qu’elles exigent ensuite pour les réduire. Il est curieux de voir dans deux bureaux, l’un situé au rez-de-chaussée, près du cabinet de l’astronome royal, l’autre isolé dans une des parties les plus silencieuses de l’observatoire, ces compteurs gravement occupés à aligner du matin au soir de lourdes colonnes de chiffres. La plupart d’entre eux sont tout à fait étrangers à l’astronomie ; ils calculent aveuglément sans savoir au juste ce qu’ils prouvent, « et ce sont les meilleurs, » ajoutait en souriant M. Airy.

  1. Le premier assistant reçoit 400 livres sterling (10,000 francs) par an et 70 livres sterling (1,750 francs) pour les frais de logement. Le salaire du dernier est de 100 liv. sterl. (2,500 francs), et on lui assure en outre 30 livres sterling (750 francs).