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des questions techniques que cette industrie soulève et envisager ce qu’il y a de plus utile et de plus praticable dans les projets qui seront proposés. Les projets seront nombreux sans doute, en est-il beaucoup auxquels il soit opportun de donner suite en l’état actuel de la science ? C’est ce qu’il convient d’examiner. Au point de vue technique, il y a quatre problèmes à résoudre en matière de télégraphie océanique : d’abord isoler le fil conducteur afin que l’électricité ne se perde pas en route, en second lieu calculer l’épaisseur de ce fil et de l’enveloppe de gutta-percha de façon que le câble donne, une fois posé, une somme de travail suffisante, ensuite mettre à l’eau le câble fabriqué, et enfin en assurer la conservation pendant le plus de temps possible. La première question doit être considérée comme résolue depuis longtemps de la manière la plus satisfaisante. La fabrication a fait sous ce rapport des progrès énormes depuis une douzaine d’années. La seconde n’inquiète pas trop non plus les ingénieurs lorsqu’il ne s’agit que de franchir une distance d’un millier de kilomètres, et, s’il est vrai qu’on puisse arriver à faire rendre au câble transatlantique douze mots par minute, il n’y a plus en vérité à s’en préoccuper en aucun cas. Quant à la troisième question, on a vu par des exemples récens combien il est devenu facile de descendre un câble bien fabriqué jusqu’aux plus extrêmes profondeurs de l’Océan. En tout cela, la patience et l’énergie des compagnies anglaises ont su triompher. La quatrième question reste entière. Conserver les câbles en bon état, les réparer au besoin, voilà les problèmes qui méritent le plus de fixer l’attention. Sacrifier des millions pour établir une communication qui manquera peut-être au premier jour, n’est-ce pas inquiétant ?

Après cet exposé de la question scientifique, ce serait le moment de parler des projets souvent ingénieux qui ont été mis en avant, tant en France qu’en Angleterre, pour éluder les difficultés d’une entreprise de télégraphie sous-marine ; mais, à les prendre l’un après l’autre, il sera facile de s’assurer que les inventeurs ont toujours négligé l’un des aspects de la question. En général ils n’ont envisagé que les difficultés de l’immersion, parce que c’est à ce point que beaucoup d’opérations ont échoué. C’est le côté faible aux yeux du public qui ne considère que le résultat et apprend tout à coup que l’œuvre a périclité par un accident de mer. On a donc proposé des câbles d’un modèle spécial, en général très légers ; on a inventé des machines assez compliquées pour les mettre à l’eau. Il nous paraît certain que sur tous ces points les idées des ingénieurs spéciaux sont aujourd’hui fixées d’une façon très nette, et qu’il serait difficile de les en faire revenir. Le câble du golfe Persique et celui de l’Océan-Atlantique sont des modèles acceptés par tous les hommes qui ont le plus étudié la matière. C’est avec des types plus