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que celui qui vient d’être réalisé, le moment est venu peut-être d’étudier à nouveau le problème et de soumettre à une vérification nouvelle les principes qui avaient été posés. L’expérience a parlé, il convient d’en interpréter les décisions.

Ce que c’est qu’un câble télégraphique, on le sait assez après ce qui en a été tant de fois raconté. Il serait superflu de décrire tous les modèles divers que les inventeurs se sont imaginé de proposer ; les essais du reste n’ont pas été favorables aux innovateurs. Toutes les entreprises qui ont été suivies de succès ont été fidèles, à des détails près, au modèle de câble qui fut adopté en 1851 pour l’établissement de la première ligne sous-marine. C’est au centre un faisceau de fils de cuivre recouvert d’une enveloppe isolante de gutta-percha, autour de cet axe une garniture de matière textile en guise de matelas, par-dessus des fils de fer ou d’acier nus ou enveloppés de chanvre et enroulés en hélice. Le fil central conduit l’électricité ; la gutta-percha en empêche la déperdition ; le reste protège contre toute sorte d’accidens la partie intérieure, l’âme, qui est la chose essentielle. Quant à l’épaisseur de ces différens fils et des matières qui les séparent, quant à la proportion à établir entre le poids du cuivre et celui de la gutta-percha, ce sont des problèmes à résoudre en chaque cas particulier. La théorie, si elle fait défaut, là pratique guide le constructeur. Rien de tout cela n’est arbitraire. L’ingénieur fixe d’avance les diamètres d’après la connaissance qu’il a de la longueur du trajet à parcourir, d’après la profondeur des eaux au fond desquelles il s’agit de descendre, et le degré de vitesse que les transmissions télégraphiques doivent atteindre. Tel câble bon pour une certaine traversée ne conviendrait pas dans une autre nier. Dans une machine bien faite, toutes les parties, on le sait, sont solidaires, et aucune d’elles n’est laissée à l’arbitraire du fabricant.

Il ne peut être question de rappeler ici tout ce qu’il a été créé de communications sous-marines ou sous-fluviales en ces dernières années. La liste en serait trop longue. Aussi bien on est habitué depuis longtemps à immerger sans accidens et à conserver en bon état les câbles qui ne présentent qu’une longueur restreinte, une centaine de kilomètres par exemple, tandis que les lignes qui franchissent les grands océans ne paraissent toujours posséder qu’une vitalité incertaine. Cependant de grands efforts ont été tentés pour rendre stables et rapides les correspondances lointaines ; de grands progrès ont été réalisés. D’importans travaux de cette nature ont été accomplis par les Anglais en deux directions qui ont pour eux un égal intérêt, la route de l’Inde et la traversée de l’Atlantique. Il est utile d’abord d’exposer ce qui a été fait et ce qui en est résulté. Ce qu’il faut en conclure viendra naturellement à la suite.