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La
télégraphie océanique

Dans les derniers jours au mois de juillet de cette année, le télégraphe, électrique annonçait à toute l’Europe un merveilleux succès. Un câble sous-marin qui venait d’être immergé à travers l’Atlantique établissait un lien direct entre les deux continens de l’ancien et du nouveau monde. Les dépêches s’échangeaient d’Europe en Amérique ; une conversation pouvait être entretenue entre Talentia, sur la côte d’Irlande, et la baie de la Trinité, sur la côte de Terre-Neuve, à travers 3,100 de mer et 70 degrés de latitude. Le résultat obtenu était d’autant plus remarquable que l’Atlantique, par la largeur et la profondeur qu’il présenté, est à coup sûr celui de tous les océans qui devait offrir le plus d’obstacles à la télégraphie sous-marine. Trois ou quatre tentatives antérieures, dont on n’avait guère entendu parler que pour apprendre qu’elles avaient échoué, semblaient augmenter les difficultés de l’entreprise. Pour tous les hommes, (le nombre en est grand) qui n’ont pas le temps d’étudier par le menu les données d’une question, le succès est la mesure. On se disait donc en général que de nouveaux essais n’aboutiraient qu’à de nouveaux désastres. Il y a trois ans, après quelques réussites partielles et les nombreux échecs qui marquèrent les débuts de la télégraphie océanique, nous essayions ici même[1] d’analyser les ressources dont disposait cette industrie toute récente, de montrer ce dont elle était capable et ce qui en entravait encore les progrès. La science était alors dans l’enfance. Après un résultat tel

  1. Voyez les numéros de la Revue du 1er  décembre 1862, du 1er  février et du 15 avril 1863.