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conclue. Il est temps que ces deux états puissent consacrer toute leur attention à leurs affaires intérieures. On parle beaucoup de réformes du côté de l’Autriche ; cette puissance ne peut reprendre une force durable qu’à la condition de donner une satisfaction entière aux vœux d’autonomie ; des quatre groupes nationaux qui maintenant la composent, et de trouver le moyen de concilier dans le pouvoir central les intérêts communs de ces autonomies diverses. Il y a longtemps que la cour de Vienne cherche en tâtonnant à composer ce faisceau de nationalités ; elle pourra se consoler de ses revers si elle réussit dans sa nouvelle tentative. Quant à l’Italie, les difficultés qu’elle rencontre devant elle touchent moins au fond des choses ; elle a l’entière unité de race ; il lui reste à organiser son administration intérieure et ses finances. Les difficultés financières de l’Italie sont considérables sans doute, mais elles ne deviendraient inextricables que si un ministre maladroit cherchait des soulagemens temporaires dans des expédiens qui augmenteraient les charges de l’Italie et aviliraient son crédit. L’œuvre de la formation nationale est achevée ; que le gouvernement italien aborde l’organisation de ses finances par des mesures larges et solides en matière d’économies réalisées, de taxes publiques et d’appels au crédit, et l’Italie verra bientôt s’ouvrir pour elle une ère florissante. Nous avons bien le droit, nous Français, de former de tels vœux et de concevoir ces espérances au sujet de ce peuple à qui l’indépendance complète est désormais rendue. C’est la seule de nos entreprises contemporaines, — les Italiens ne s’offenseront point de cette parole, — qui ait réussi. Si nous ne nous trompons, le dernier acte du concours, que nous avons prêté à l’émancipation italienne n’est pas dépourvu d’un certain caractère de dignité simple. Après les tracasseries et les méprises mutuelles qui suivirent la publication de la note du Moniteur du 5 juillet, nous avons eu la chance de trouver enfin un dénouement heureux. Nous avons échappé au fracas inutile et vaniteux de l’envoi d’une escadre à Venise dont il ai été question un moment. C’est un simple général français qui, sans bruit et sans luxe d’état-major, va recevoir d’un général autrichien la remise de ces grandes places fortes et de ces villes renommées qui seront désormais le boulevard de l’indépendance italienne, et qui les transmet à son tour aux officiers du roi Victor-Emmanuel. Notre intervention au-delà des Alpes commencée par le mouvement des armées et le tumulte des batailles, ne pouvait se terminer d’une façon plus amicale et plus douce. L’imagination italienne devrait être frappée du caractère de cette scène ; les Italiens ne sauraient nous en vouloir du prix que nous avons attaché à être représentés par un seul général dans la formalité suprême de l’affranchissement de leur patrie. e. forcade.



UN TOURISTE EN PALESTINE.

S’embarquer à Marseille, relâcher à Malte ou à Messine, prendre à Alexandrie le bateau de correspondance qui dessert la ligne de Syrie et toucher