Sur les campagnes étouffées
Passait, dévorant les moissons.
A l’éclat de rire immodeste
Se mêlaient parfois des sanglots ;
Le dieu, lançant ses javelots,
Poursuivait sa course céleste.
Et l’Élégie aux yeux en pleurs,
Roulant de nuée en nuée,
Allait, mollement secouée,
Aimer, souffrir, mourir ailleurs.
Vanité ! le char de lumière
A rencontré sur son chemin
Cet autre roi du genre humain
Qui porte une faux pour bannière !
Et le Temps d’un coup d’aile a tout
Renversé, brisé, mis en poudre ;
Mais dans la tempête et la foudre
Phaéton est resté debout !
Il a survécu, triste vie
Vouée aux deuils mystérieux !
Mélange sombre et curieux
Des rois d’Eschyle et d’Isaïe !
Thésée, Œdipe, Agamemnon,
Saül qui se relève et tremble :
Tout cela se fondant ensemble
Dans l’époux de la Maintenon !
Il cause avec Dieu tête à tête,
Règle son compte en bon chrétien :
« Voici le mien, voilà le tien,
A chacun sa peine et sa fête !
« Je conviens que j’ai mal usé
Souvent ; je sais que ton église
Dit : « Malheur à qui scandalise ! »
Et j’ai beaucoup scandalisé.
« Mais ma grandeur fut sans exemple ;
Réponds : le méconnaitrais-tu ?
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