Page:Revue des Deux Mondes - 1866 - tome 65.djvu/489

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
VERSAILLES
LEGENDE


I


« J’ai trop régné, j’ai trop vécu ! »
Et, branlant sa tête caduque,
Morne, il pleurait sous sa perruque
Les larmes du lion vaincu.

Benoîtement emmitouflée,
Dans sa causeuse de Beauvais,
Jaune, grassote, l’œil mauvais,
La gorge de pudeur gonflée,

La Maintenon[1] au grand vieillard
Faisait vis-à-vis dans la chambre ;
Au dehors grelottait décembre,
Partout la neige et le brouillard.

Partout ce deuil expiatoire
Auquel rien n’échappe ici-bas,
Partout cet immense trépas
De la nature et de l’histoire ;

Partout ces douloureux retours
Cachés au fond de toutes choses !
Printemps d’hier, où sont tes roses ?
Roi de France, où sont tes amours,

  1. Voyez dans le salon du Grand-Couvert à Versailles ce beau portrait (qui semble parler) de dévote bourgeoise si complètement en désaccord avec la grâce exquise, toute mondaine, de l’émail de Petitot et le convenu allégorique du Baptême du duc de Bourgogne.