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SOUVENIRS
D'UNE CAMPAGNE
DANS L'EXTREME ORIENT

II.
UNE VISITE A SIAM.


I

De Singapore, notre itinéraire nous conduisait à Bangkok, capitale du royaume des Thaï[1], où, comme l’âne chargé de reliques, nous arrivions porteurs de lettres de l’empereur Napoléon III pour les deux rois de Siam, Somdet Phra Paramendr Maha Mongkut, premier roi, et Phra Paramendr Ramesr, second roi. Ainsi jadis, en 1685, le chevalier de Chaumont, ambassadeur de France, également porteur d’une lettre du grand roi pour son bon frère de Siam, parcourait cette même route avec le vaisseau l’Oiseau, commandé par M. de Vaudricourt, et la frégate la Maligne, commandée par M. de Joyeux. Les diverses relations de cette ambassade étaient devenues notre lecture favorite. Nous en suivions le détail tel que l’a noté jour par jour ce curieux abbé de Choisy, qui jusqu’à l’âge de trente ans, vêtu en femme et sous le nom de comtesse des Barres, donna de si étranges exemples de morale à ses contemporains. « Les filles de la reine m’aimaient ainsi, dit-il dans

  1. Voyez la Revue du 15 août 1866.