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déjà dans l’Uruguay, très éprouvés par la maladie, durent se réorganiser et se compléter près des ports du Salto et de Paysandu, sur la rive gauche de l’Uruguay, de manière à présenter un effectif de 15 à 20,000 hommes. Un autre corps brésilien d’environ 10,000 hommes, partie garde nationale mobilisée, partie engagés volontaires, se formait en même temps dans la province du Rio-Grande, et on cherchait à rassembler près de Rio-Janeiro une réserve de 20,000 hommes. De son côté, le général Florès recrutait à Montevideo les 5,000 hommes qu’il devait fournir et les dirigeait à mesure sur la Concordia.

L’escadre brésilienne, sous le commandement supérieur de l’amiral baron de Tamandaré, dont une partie se trouvait déjà dans le Parana depuis le mois d’avril, se mit immédiatement en mouvement. Dès les premiers jours de mai 1865, la première division, sous les ordres du commandant Barroso et composée de neuf vapeurs, dont un cuirassé, arriva devant Corrientès, et établit un blocus rigoureux un peu au-dessous du port, là où les eaux du fleuve n’étaient pas trop basses pour empêcher les manœuvres. Une flottille de canonnières brésiliennes entrait en même temps dans le fleuve Uruguay pour protéger le point de ralliement des alliés à la Concordia. Enfin le général argentin Paunero, à la tête d’environ 1,500 hommes de troupes de ligne, presque tous Français ou Irlandais, transportés par la marine brésilienne jusqu’à Corrientès, essaya le 25 mai de reprendre la ville par un coup de main. Appuyé par le feu des navires brésiliens, il réussit à y pénétrer et à s’y maintenir un jour ; mais il fut forcé de l’évacuer le lendemain devant des forces supérieures.

En effet, le corps paraguayen d’environ 10,000 hommes qui avait le premier passé le Parana, prenant pour base d’opérations la ville de Corrientès, s’était dirigé vers l’angle opposé du quadrilatère formé par l’Uruguay et le coude du Parana, quadrilatère qui comprend les provinces argentines de l’Entre-Rios et des Missions. Il avait pour objectif la province brésilienne du Rio-Grande-do-Sul, où il devait pénétrer en traversant l’Uruguay près de la frontière orientale où ce fleuve n’est distant que de dix-huit lieues environ du fleuve Parana. Un autre corps paraguayen, et c’était celui même dont l’approche décidait la retraite du général Paunero, composé de 10,000 hommes environ, devait suivre à partir de Corrientès le cours du Parana et s’avancer vers l’embouchure de l’Uruguay. Le reste de l’armée paraguayenne demeurée sur la rive droite du Parana, soit à Humayta, soit dans le camp retranché d’Itapiru, servirait de réserve pour renforcer tour à tour l’un et l’autre corps. Le