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alliance contre Rosas. Florès y comptait donc de nombreux partisans et en recevait des secours en hommes et en argent. Au commencement de la session législative de 1864, les députés du Rio-Grande interpellèrent violemment le gouvernement sur son attitude dans la question orientale, et, sans aller encore jusqu’à exiger une alliance déclarée avec Florès, le sommèrent d’obtenir, fût-ce par la force, le redressement de tous leurs griefs. Sans trop s’irriter d’avoir la main forcée, le gouvernement promit d’agir. De ce moment, les événemens se hâtent. Buenos-Ayres, qui s’inquiète alors de la situation qu’elle a en partie créée, essaie sincèrement cette fois d’amener une pacification qui ne laissera plus de prétexte à l’intervention ; mais il est déjà trop tard. L’armée brésilienne se joint aux partisans colorados (novembre 1864), tandis que l’escadre établit un blocus bientôt converti en bombardement. Le Salto et Paysandu tombent, Montevideo est investi (janvier 1865), et Florès ne tarde pas à y rentrer en vertu d’un traité qui lui rend le pouvoir, tandis que l’armée brésilienne reste campée sous les murs de la ville (20 février 1865).

La confédération argentine n’avait qu’à accepter le fait accompli ; mais il n’en était pas de même pour le Paraguay, dont le nouveau président, don Solano Lopez, redoutait avant tout une entente entre le Brésil et la confédération, avec lesquels il était déjà en conflit. Attribuant au Brésil le projet de s’établir en maître dans l’Uruguay et ne supposant pas aux Argentins des vues moins intéressées, le général Lopez se crut fondé à penser que les deux états méditaient de se partager la navigation de la Plata et de ses affluens. Il regarda l’intervention à Montevideo comme un premier pas dans cette voie, et fit savoir à Rio-Janeiro qu’il considérerait comme un cas de guerre l’entrée des troupes brésiliennes dans l’Uruguay. Passant sans autre déclaration de la menace à l’exécution, il commença les hostilités en saisissant dans le port de l’Assomption un navire brésilien qui venait d’y entrer (novembre 1864) et en envahissant le Matto-Grosso. Puis, comme la confédération argentine lui refusait le passage pour secourir le parti blanquillo de Montevideo, dont il s’était fait le protecteur, il jeta brusquement ses soldats dans la ville de Corrientès (14 avril 1865), et s’empara de deux bâtimens argentins à l’ancre dans le port. Le président du Paraguay entamait ainsi de propos délibéré la guerre contre ses deux voisins, auxquels, ainsi qu’il devait s’y attendre, le nouveau gouvernement installé à Montevideo par l’armée brésilienne ne tardait pas à se joindre. Le 1er mai 1865, un traité signé à Buenos-Ayres confirma l’alliance du Brésil, de la confédération argentine et de l’Uruguay contre le gouvernement du Paraguay. Les alliés