Page:Revue des Deux Mondes - 1866 - tome 65.djvu/257

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

circonstances ce projet a été conçu. A la mort de l’amiral Fitzroy, le Board of Trade se mit en relations avec la Société royale afin d’examiner, de concert avec ce corps savant, l’opportunité qu’il y avait de modifier l’organisation du département météorologique, dont la direction avait été confiée à l’illustre et infortuné amiral. On convint de faire étudier cette question par une commission d’hommes compétens ; la Société royale nomma M. Francis Galton, le secrétaire-général de l’Association britannique, l’Amirauté le commandeur Evans, et le Board of Trade l’un de ses secrétaires, M. T.-H. Farrer. Après une mûre délibération, cette commission fit son rapport, qui fut présenté au parlement ; nous en donnerons seulement les conclusions :

Les attributions du département météorologique du Board of Trade se bornaient primitivement à provoquer et à recueillir des observations météorologiques effectuées en mer par les soins des capitaines de navires. Cette besogne ne saurait être accomplie avec succès que par une administration investie d’une autorité officielle, et le Board of Trade s’en acquittait très bien avant qu’il ne se fût lancé dans les tentatives de prédiction du temps ; il convient donc qu’il en reste chargé comme par le passé. Il en est tout autrement de la rédaction des observations recueillies et des recherches nécessaires pour en tirer parti. Ces recherches demandent des connaissances étendues et beaucoup d’expérience ; elles devraient toujours être dirigées par un corps savant qui en prendrait toute la responsabilité. Il serait donc à désirer que les matériaux recueillis par le Board of Trade fussent confiés à un comité choisi par la Société royale ou par l’Association britannique, et qui serait mis à même de les discuter et de les utiliser. Or l’établissement de Kew serait éminemment propre à devenir le centre de ces travaux ; il suffirait d’en développer l’organisation et d’en accroître les moyens d’action dans une mesure convenable. — Le comité d’administration de l’observatoire de Kew s’est empressé de donner son adhésion pleine et entière aux conclusions de ce rapport, et tout porte à croire que sous peu cet établissement deviendra une institution vraiment nationale où tous les efforts individuels viendront converger comme à un foyer de lumière.

L’Association britannique à mis en pratique dès l’origine l’admirable conception de ces rapports qu’on appelle d’un mot intraduisible suggestive reports. Ce sont des résumés complets de l’état actuel d’une branche donnée de nos connaissances, mais rédigés exclusivement en vue de signaler les points obscurs, les côtés faibles, les lacunes ou les contradictions qui appellent les recherches des savans. Ces rapports, on le voit, sont destinés à diriger vers un but utile les efforts des chercheurs et à économiser une somme de force vive qui serait perdue sans profit pour la science, si elle s’éparpillait dans des travaux sans issue probable, ou si elle était employée à enfoncer des portes ouvertes, ainsi que cela se voit tous les jours. Les rapports de ce genre, confiés toujours aux hommes les plus compétens dans chaque branche spéciale, ont le plus souvent provoqué des recherches