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L’Association britannique est une grande et noble institution. Fondée en 1831, elle répond à un besoin de centralisation bien naturel dans un pays où les efforts des travailleurs ne convergent pas vers un foyer unique comme en France. Les Sociétés royales de Londres, de Dublin et d’Edimbourg n’ont rien de commun avec notre Académie des Sciences au point de vue de l’organisation intérieure et de l’influence exercée au dehors. L’Académie des Sciences, par sa constitution encyclopédique, par la publicité de ses séances hebdomadaires et par ses comptes-rendus ouverts à tout venant, embrasse et absorbe le mouvement scientifique du pays au point d’effacer complètement la province. Depuis quelque temps, il est vrai, les sociétés savantes des départemens se réunissent une fois par an à Paris, où on leur distribue des médailles ; mais l’Académie des Sciences se tient à l’écart, sauf un certain nombre d’académiciens qui viennent présider les réunions. Si la hiérarchie n’existe pas en principe, elle existe par le fait. Dans ces circonstances, il est facile de comprendre qu’une association comparable à celle qui de l’autre côté du détroit réunit par les liens d’une confraternité véritable les travailleurs sérieux ne trouverait pas en France le sol préparé pour la faire prospérer, que du moins elle rencontrerait plus d’obstacles à vaincre.

L’Association britannique comprend dans son sein tout ce que l’Angleterre, l’Irlande et l’Ecosse possèdent d’illustrations scientifiques. Elle a pour but, d’après les termes de l’acte constitutif, de donner une impulsion plus forte et une direction plus systématique aux recherches scientifiques, de resserrer les liens entre les hommes qui cultivent les sciences sur les différens points des trois royaumes, de les mettre en relations suivies entre eux et avec les savans étrangers, d’appeler d’une manière efficace l’attention générale sur les sujets d’une nature scientifique, d’écarter enfin tous les obstacles qui s’opposent au progrès de nos connaissances, et que les efforts isolés des hommes privés seraient impuissans à faire disparaître. Ainsi, quoique ce rapprochement annuel d’un grand nombre de travailleurs doive exercer à coup sûr une heureuse influence sur la production Individuelle, c’est plutôt vers l’organisation rationnelle des travaux d’ensemble que tendent les efforts de cette société, et c’est sur ce terrain qu’elle a obtenu les résultats les plus remarquables. L’Association scientifique de France a fait de louables efforts pour entrer dans une voie analogue ; mais c’est bien moins pour le moment une association savante qu’une réunion de gens du monde qui approuvent tout ce que leur proposent un petit nombre de meneurs, et auxquels on montre de temps en temps la lune à l’Observatoire.

Les membres de l’Association britannique sont rangés sous trois catégories. Il y a d’abord les membres à vie qui paient une fois pour toutes une somme déterminée. À l’origine, leur contribution était fixée à 5 livres sterling ; depuis 1846, elle est de 10 livres (250 francs). Les membres de