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organes autorisés, elle exprime la tendance des propositions faites par M. William Newmarch, et si l’act de 1844 avait chance d’être modifié, il le serait sans contredit dans ce sens. Un fort encaisse métallique et une augmentation rapide et courageuse du taux de l’escompte, dès que le change extérieur commence à faire craindre une dépréciation relative du métal précieux, telles sont les bases essentielles de la doctrine de Tooke, de James Wilson, de William Newmarch, à laquelle M. Macleod vient de donner une éclatante adhésion. C’est la doctrine connue sous le nom de banking-principle, elle a été longtemps en lutte avec les adhérens du currency-principle, lord Overstone, le colonel Torrens, M. Ward Norman et tant d’autres esprits éminens, précurseurs de l’act de 1844.

Les deux écoles se rencontrent sur un terrain commun et tendent au même but : elles veulent toutes les deux des réserves métalliques imposantes, elles pratiquent toutes les deux l’exhaussement du taux de l’escompte pour empêcher que ces réserves ne soient sérieusement menacées. Quant aux rêveurs qui parlent de capital illimité et de maximum du taux de l’escompte, ils ont peu de chance de faire triompher leurs principes. Les Anglais savent trop bien l’économie politique pour qu’ils risquent d’être séduits par de pareilles vieilleries, présentées avec une naïve confiance comme des nouveautés hardies. Il y a longtemps qu’on connaît ces idées, étrange assemblage des audaces de Law, des erreurs du système mercantile, des préjugés des lois contre l’usure, et des déceptions des assignats ! Il importait de dissiper la confusion souvent involontaire qui attribue aux critiques dont l’act de 1844 a souvent été l’objet en Angleterre une portée entièrement erronée ; certains écrivains ont essayé d’habiller ces idées à la française en les dénaturant complètement. S’ils les avaient mieux comprises, ils n’auraient pas eu l’étrange pensée de s’en servir comme d’une arme dans la campagne entreprise contre la Banque de France, dont la plupart de ceux qui combattent la Banque d’Angleterre recommandent au contraire le régime.


II

Nous ne sommes pas admirateurs de l’act de 1844 au point de ne pas reconnaître qu’il pourrait être utilement révisé. Bien qu’il s’agisse d’une difficulté de forme plutôt que d’une question de fond, ne serait-il pas préférable d’inscrire dans la loi la faculté d’étendre l’émission dans des circonstances extraordinaires et sous des conditions définies plutôt que de procéder, comme on l’a fait à trois reprises, par une suspension inquiétante de l’act ? Pourquoi s’exposer à paraître violer la loi, alors qu’on en suit réellement