Page:Revue des Deux Mondes - 1866 - tome 65.djvu/185

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la concurrence doit gouverner les banques ! » Il n’en est pas de même du droit d’émission.

Parmi les adversaires de l’act de 1844, beaucoup trouvent qu’il n’a pas assez fait, ils veulent le compléter et l’élargir dans le sens du principe qu’il consacre. Ils désirent voir cesser en Angleterre, même en Écosse et en Irlande, toute émission de monnaie de papier autre que les billets de la Banque d’Angleterre. Déjà l’année dernière, M. Gladstone a présenté un bill pour préparer la voie à cette réforme. S’il a échoué, c’est qu’aux partisans de l’émission limitée, tolérée par sir Robert Peel, se sont joints ceux qui blâmaient le bill de ne pas faire assez dans le sens de l’abrogation d’une faculté contraire au principe dominant de la loi. D’autres encore se rendent les interprètes des idées exposées avec talent en France par M. Cernuschi et par M. Modeste, en Allemagne par M. Geyer ; ils demandent la suppression de tout billet qui ne rencontre point une garantie équivalente en or dans l’encaisse de la Banque. À cette condition, il est facile de le comprendre, on pourrait sans danger autoriser toutes les banques à joindre à leur industrie libre la faculté de représenter par des billets la valeur des métaux précieux fidèlement conservés. Les avantages qui distinguent la monnaie de papier, — la facilité du transport, la rapidité du compte, l’agilité des mouvemens, — se trouveraient conciliés avec la sécurité inébranlable d’une circulation purement métallique. Sir Robert Peel et lord Overstone ont voulu que la circulation mixte, composée de papier et de métal, se comportât comme une circulation complètement métallique. Le but a été atteint par l’act de 1844 ; cela semble suffire. L’économie qu’il est permis de réaliser ainsi sur le capital employé au mécanisme de la circulation monte à 500 millions de francs au maximum. C’est peu de chose sans doute relativement à la richesse de l’Angleterre, quatre cents fois plus considérable, mais c’est une épargne qui n’est pas à dédaigner, alors surtout que les habitudes sont prises, et que le retour à un système rigoureusement métallique risquerait d’apporter quelque trouble dans l’équilibre des relations établies. Nous n’insisterons pas sur ce point : nous n’avons voulu le toucher que pour montrer combien ceux que l’on confond sous la dénomination commune d’adversaires de l’act de 1844 sont en partie placés aux antipodes des prétendus partisans de la liberté des banques, comme l’entendent MM. Horn et Michel Chevalier.

Bien mieux, les plus sérieux et les plus résolus parmi ceux qui demandent la réformé de l’act de 1844 voudraient y voir substituer le régime qui gouverne notre Banque de France. Parmi les représentans des chambres de commerce de l’Angleterre, cette opinion rencontre beaucoup d’adhérens ; elle compte au parlement des