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discrétion des directeurs de la Banque d’Angleterre, dans lesquels nous avons toute raison de placer notre confiance. »

Ces explications furent très favorablement accueillies par la chambre, qui s’associa sans hésiter à l’hommage rendu par M. Gladstone à la conduite libérale et judicieuse des directeurs de la Banque, pendant les époques critiques. Les chiffres produits valaient à cet égard la démonstration la plus éloquente. Jamais aucun établissement financier n’a déployé une plus grande puissance d’action, ni plus largement fourni son assistance. Où la Banque d’Angleterre a-t-elle puisé cette force incomparable ? Dans la solide structure qui écarte jusqu’à l’appréhension d’une crise monétaire proprement dite et qui élève si haut le crédit dont elle jouit, que l’on confie à sa garde de précieuses ressources pendant les périodes les plus tourmentées.

Voici quelques données décisives à cet égard. Le 10 mai 1866, le jour où Overend, Gurney et C° suspendirent leurs paiemens, les dépôts privés étaient de 13 millions 1/2 de liv. sterl. (337 millions de francs) ; le 17 mai suivant, ils montaient à 18,600,000 livres sterl. (515 millions de francs). Aussi les escomptes se sont-ils élevés de 20,844,217 liv. sterl., chiffre du 10 mai, à 30,943,259 liv. sterl., chiffre du 17 mai, ce qui constitue une augmentation de plus de 250 millions de francs. Il est vrai que la réserve du département de la banque fut réduite jusqu’à 730,830 livres sterling, moins de 19 millions de francs ; mais elle ne tarda pas à remonter. — Il n’est guère possible de traiter d’une manière légère le mécanisme qui procure un si grand résultat, en même temps qu’il met à l’abri de tout échec la stabilité de la circulation. Alors que le département de la banque contribuait ainsi à sauver le commerce de l’Angleterre, le département de l’émission continuait sa marche impassible et régulière : il possédait 16,279,670 livres sterling d’or au 10 mai, et ce total n’a été réduit que de 442,345 livres sterling au 17 mai, par suite d’échange de pareille somme de billets. La caisse contenait donc à cette dernière date 15,837,325 livres sterling d’or. Cette masse importante correspondait à une circulation de près de 27 millions de livres sterling de billets accueillis avec une inébranlable confiance ; celle-ci a permis de concentrer dans les sphères financières et commerciales les funestes résultats de la dernière crise, sans que la régularité et la sincérité des transactions civiles en aient éprouvé aucune atteinte.

La rigidité apparente de la loi crée une élasticité effective plus grande que celle des combinaisons artificielles, impuissantes à rétablir le crédit ébranlé. Sans rien compromettre, en maintenant au contraire l’assiette invariable de la circulation et la stabilité de la monnaie métallique, médium des échanges, évaluateur commun des