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matérielles qu’ils ont à vaincre. Il y aurait sans doute intérêt à comparer entre eux, au même point de vue, les mammifères et les oiseaux ; tout porte à croire que là aussi on trouverait la force musculaire relative inversement proportionnelle au poids ou à la taille des espèces. Ce serait la généralisation d’une loi très curieuse et un pas nouveau que nous aurions fait dans la connaissance de l’économie de la nature.

En ce qui concerne les insectes, dont l’organisation offre encore tant de coins inexplorés, les recherches dont on vient de lire le résumé ne sont que le commencement d’une série de travaux du même ordre dont M. Plateau nous fait espérer la publication. Il s’occupera en premier lieu des insectes sauteurs, qui méritent en effet de fixer l’attention par les forces de projection énormes qu’ils empruntent aux ressorts de leurs jambes postérieures. On connaît les bonds prodigieux des grillons, des sauterelles et des criquets, les sauts de tremplin du scarabée à ressort et les élans à longue portée des puces. Un lion devrait, toute proportion gardée, faire des bonds d’un kilomètre. L’ogre de Perrault, avec ses bottes de sept lieues, pourrait seul défier ces insectes à la course, s’ils avaient la taille des grands mammifères. La force de destruction de certains insectes n’est pas moins étonnante. Les ténébreux termites ont miné des villes entières qui se trouvent aujourd’hui suspendues sur des catacombes : telle la ville de Valencia, dans la Nouvelle-Grenade ; La Rochelle est menacée du même sort. Les larves des sirex percent avec leurs mandibules des balles de plomb. Après la guerre de Crimée en 1857, le maréchal Vaillant présenta à l’Académie des Sciences des paquets de cartouches dont les balles coniques étaient perforées de part en part. Le même fait s’est reproduit en 1861 dans l’arsenal de Grenoble. Enfin que n’a-t-on pas dit déjà des architectes appartenant aux ordres des hyménoptères et des névroptères : fourmis et termites ! Ils nous écrasent par le caractère imposant de leurs constructions. Le termite, insecte en apparence faible et mou, d’un demi-centimètre de longueur, élève en Afrique des buttes coniques en argile très dure qui peuvent atteindre 6 mètres de hauteur et dont la solidité est telle que les taureaux sauvages s’y établissent en vedette pour explorer l’horizon. Ces édifices ont plus de mille fois la taille des ouvriers qui les ont construits. La pyramide de Chéops n’a que 146 mètres, quatre-vingt-dix fois la taille moyenne de l’homme ; pour être au niveau des termites, nous serions obligés de construire un édifice haut comme le Mont-Dore au-dessus de la mer.


RODOLPHE RADAU.



UNE HISTOIRE DE L’ITALIE PARLEMENTAIRE[1].


Nous aimons les livres d’histoire et de politique dont les auteurs sont étrangers par leur naissance au pays qui est le sujet de leurs études. La

  1. Histoire de la renaissance politique de l’Italie (1814-1861) — Turin, Florence et Rome, Étude sur la capitale de l’Italie et sur la question romaine, par M. Rodolphe Rey.