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protège pendant l’hiver une enveloppe d’écailles brunes et que constituent pendant la phase appelée préfoliation de petites feuilles pliées en deux moitiés par leur nervure médiane, vont sortir ces feuilles mêmes du milieu desquelles s’élèvera une tigelle qui plus tard s’appellera rameau et plus tard encore s’appellera branche. Ces bourgeons sont axillaires ou terminaux. Dans le premier cas, c’est la bifurcation de la tige qu’ils amènent; dans le second, c’est le prolongement qu’ils effectuent.

La feuille, cet élément essentiel de toute expression végétale, et que certains botanistes ont considérée comme le résumé du végétal tout entier, est l’organe appendiculaire qui naît sur la tige et les rameaux par suite du développement des bourgeons. C’est cet organe plane, vert et membraneux, suspendu à l’extrémité d’une tigelle plus ou moins allongée appelée pétiole, qui donne à l’arbre sa physionomie d’été. Tout le monde peut comprendre ce qu’est le pétiole au point de vue anatomique : c’est le faisceau resserré des nervures mêmes de la feuille qui divergent à sa base et constituent cette charpente de fibres entre les nervures de laquelle s’étale la partie verte du limbe. Démarquons en passant que la matière verte des feuilles contient du fer comme le sang des animaux, qu’une feuille étiolée n’est pas sans analogie avec les chlorotiques, et que, sous l’action des rayons lumineux, elle récupère son fer, qui de nouveau est assimilé par ses tissus.

L’épiderme des feuilles présente un nombre considérable de stomates (petites bouches) qui, particulièrement nombreux chez les grands végétaux à la face inférieure de la feuille, se trouvent en communication directe avec des lacunes ou poches aériennes qui abondent dans les tissus. Ainsi constituées, les feuilles sont les organes de la respiration chez les végétaux. La sève de ceux-ci, analogue à notre sang, a besoin d’être mise en contact avec l’atmosphère pour se convertir en fluide nutritif, et c’est dans les feuilles que s’opère ce contact. Il s’opère ailleurs encore : les jeunes rameaux, les écailles, les sépales du calice, toutes les parties vertes en un mot concourent à l’accomplissement de cette fonction supérieure, dont le double résultat est l’absorption de l’acide carbonique contenu dans l’air en même temps que la décomposition de cet acide sous l’influence de la lumière du soleil. Par suite de cette réduction de l’acide carbonique, le carbone se fixe dans la plante, tandis qu’une partie de l’oxygène est exhalée dans l’atmosphère.

Inspiration d’acide carbonique et expiration d’oxygène, tels seraient donc les deux actes principaux de la respiration végétale. Toutefois ces divers phénomènes ne s’accomplissent pas indifféremment et en toutes circonstances. Il leur faut pour condition indispensable l’action directe des rayons solaires. Dans l’obscurité