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LE CHÊNE
ESSAI DE PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE

Parmi les définitions difficiles, il en est une qui, au plus haut degré ardue et complexe, défie depuis des siècles savans et philosophes : c’est celle de la vie. Qu’est la vie et d’où vient-elle? — Les uns ne la considèrent que comme un principe, les autres ne voient en elle qu’un résultat, et si l’on songe d’une part qu’elle embrasse les deux règnes organiques, et de l’autre qu’elle se modifie dans chacun d’eux, sinon comme cause première, du moins comme manifestation, on pourra se faire une idée de la difficulté qu’éprouvent ceux qui voudraient, en une formule générale, résumer d’une façon tout à la fois concise et complète les innombrables données de ce problème.

Ce problème paraît double, en ce sens qu’il y a une vie végétale, et une vie animale; ce n’est là qu’une simple apparence. Depuis le jour où, grâce au microscope, l’organographie végétale fut révélée, et la physiologie végétale fondée, on découvrit entre celle-ci et la physiologie animale de frappantes analogies. Les deux sciences s’appuient l’une sur l’autre et se complètent l’une par l’autre. De cette alliance féconde naît une science plus vaste, une physiologie générale, qui nous enseigne que la vie est une et que les mêmes principes la régissent depuis ses manifestations les plus humbles jusqu’à son plus haut point d’épanouissement. Nulle transition brusque, ainsi que le disait Linné. La cellule végétale est exactement semblable à la cellule animale. Elle se développe comme celle-ci, obéit aux mêmes influences physiques, procréant en elle et autour d’elle ces éternels premiers élémens où se rallume incessamment la vie. Ainsi se trouve confirmée la loi de solidarité qui relie les uns aux autres tous les êtres vivans de la création; mais