Page:Revue des Deux Mondes - 1866 - tome 64.djvu/651

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’asile et 4 cours d’adultes fréquentés par 10,680 élèves. Elle possède aujourd’hui 51 écoles de garçons, 33 de filles, et 7 salles d’asile ouvertes à 14,688 enfans. C’est un progrès sans doute : répond-il suffisamment à l’importance de la cité? Enfin une des préoccupations les plus vives, une des passions, on peut le dire, de cette population enthousiaste, est la reconstruction de l’hôtel de ville, aujourd’hui exigu et insuffisant. Comment aborder toutes ces entreprises avec une dette déjà lourde, et après avoir, à ce qu’il semble, épuisé les ressources de toute nature?

Marseille en effet n’a pas eu seulement recours à l’emprunt. On a, de 1837 à 1848, frappé d’un décime par franc tous les produits de l’octroi et établi une taxe additionnelle sur les farines. Non-seulement ces taxes, qui devaient être de courte durée, subsistent encore, tant il est difficile de se priver d’un impôt dès qu’il existe, mais elles ont été singulièrement aggravées. D’abord le périmètre de l’octroi a été reculé : de 1820 à 1851, ces limites avaient été changées quatre fois; on dut ajouter en 1859 une grande partie de la banlieue à la ville, du côté de l’extension des nouveaux ports. C’est un demi-million de recettes de plus dans le présent : pour l’avenir, les produits de l’octroi seront énormes, toute une nouvelle cité se fonde dans la zone annexée. De plus, au décime de 1838 on ajouta un second décime en 1856 dans l’application du nouveau tarif d’octroi, et tous deux se confondirent dans le principal du produit. Enfin à une première surtaxe sur les vins il fallut en 1863 en ajouter une autre de 2 fr. 60 cent, par hectolitre. La taxe d’entrée des vins à Marseille est, pour la ville seule, de 5 francs par hectolitre : c’est peu, si on compare Marseille à Paris; mais à Paris les habitans ne supportent aucun centime additionnel, tandis que Marseille, après avoir été frappé de 5 centimes extraordinaires, vient encore, par suite de l’emprunt de 1864, d’être imposé de 7 centimes 1/2, ce qui, pour dix-sept ans encore, fait une surcharge de 12 centimes 1/2 additionnels.

La nomenclature de tous les sacrifices faits pour les embellissemens de notre grand port de la Méditerranée ne serait pas complète, si l’on ne mentionnait les subventions qu’il a reçues de l’état et le concours apporté par les grandes compagnies financières. L’état a largement payé sa dette : sous le régime précédent, les lois de 1837, 1839, 1844, attestent sa munificence; depuis 1852, dans chacune des entreprises d’une haute utilité, le gouvernement est généreusement intervenu. Depuis la décision prise pour la construction d’une cathédrale après la première visite de l’empereur jusqu’à l’ouverture de la rue Impériale, il n’est resté étranger à l’ouverture d’aucune voie importante, à la création d’aucun monument public. Quant aux sociétés financières, on a vu la compagnie des docks