Page:Revue des Deux Mondes - 1866 - tome 64.djvu/648

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quels chiffres le pouvoir municipal à Marseille exerce son contrôle. La principale différence entre les recettes ordinaires de 1847 et celles du budget actuel vient de l’octroi, qui de moins de 3 millions s’est élevé à 7 millions l/2. L’augmentation de la population, la surélévation des tarifs d’octroi, l’extension du périmètre de la ville, ont amené cet énorme accroissement. Le canal aussi commence à donner un revenu important, destiné à grandir encore : il ne produisait pas 100,000 fr. en 1847, en 1865 les redevances ont été de 850,000 fr. Quant aux recettes extraordinaires, voici qui justifie l’élévation d’une période sur l’autre : la taxe additionnelle sur les farines, maintenue depuis 1840, donne un produit double. De nouveaux centimes additionnels ont été imposés pour servir les intérêts des emprunts ; enfin la ville, mise en possession des terrains pris sur la mer par l’établissement des nouveaux ports, comptait en 1865 parmi ses ressources extraordinaires 2 millions provenant de la vente des terrains rue Impériale, et 4,600, 000 fr. reçus pour solde des terrains de la Joliette, du lazaret et d’Arenc. Il faut remarquer cependant que ces ressources ne se renouvelleront pas, tandis que les dépenses extraordinaires auxquelles elles s’appliquent ne sont pas parvenues à leur terme. De 1840 à 1865, le budget des dépenses ordinaires ne trahit pas la même progression que celui des recettes. De 3,436,000fr., chiffre prévu pour l’exercice de 1848, les dépenses ordinaires ont été portées au budget de 1865 à la somme de 5,875,000 fr. La première section de ces dépenses, celle des frais d’administration proprement dite, a monté de 1,421,000 francs à 2,058,000 fr. La ville s’est agrandie, et les frais de perception de l’octroi ont dû croître avec le produit brut. La deuxième section, — entretien des bâtimens, voirie, salubrité, — varie de 835,000 fr. à 1,771,000 fr. La quatrième, — dépenses de bienfaisance, — ne progresse que de 610,000 fr. à 833,000 fr. La cinquième, — instruction publique, beaux-arts, — n’accuse pas une différence plus sensible, 412,000 fr. en 1865 contre 353,000 fr. en 1847, alors que Marseille avait 100,000 habitans de moins. Cette comparaison provoquerait des réflexions assez tristes, s’il ne fallait aux chiffres des dépenses ordinaires ajouter tous les sacrifices extraordinaires faits pour la construction des églises, des hôpitaux, etc. On ne peut cependant s’empêcher de remarquer la modique allocation accordée à l’instruction. — Paris donne d’autres exemples : de 1852 à 1866, le budget spécial de l’instruction primaire s’est élevé de 1,661,000 fr. à 7,373,000 fr. Encore faut-il dire qu’à Marseille les mœurs restent bien en arrière des institutions, et que le pouvoir municipal montre plus de munificence pour l’instruction que les exigences des habitans n’en réclament.

La progression des dépenses extraordinaires semble plus rapide :