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nolstein par la publication de ce dernier; ce n’est pas non plus M. d’Hunolstein lui-même, puisqu’il dit dans son avertissement: « Toutes les pièces qui font partie de notre collection, nous les avons acquises depuis un certain nombre d’années, ainsi que RI. Feuillet a peut-être pu le savoir. » Ce n’est donc ni l’un ni l’autre; mais il n’y aurait pas besoin de remonter bien haut, car l’heureux et maladroit possesseur a connu l’article Rohan de la Biographie universelle ou bien la continuation de l’Abrégé chronologique du président Hénault; à l’un ou à l’autre ouvrage, où elle se trouve en toutes lettres, il a dû emprunter son erreur.

Pour en finir avec les lettres de Louis XVI, je me suis étonné des changemens pratiqués par l’éditeur dans son second tirage : monsieur Turgot au lieu de mon cher Turgot, et, page 82, monsieur au lieu de mon cher Malesherbes. À cette remarque M. Feuillet reconnaît bien la malignité humaine. Avec un peu de bonne volonté, dit-il, l’explication de ces changemens n’était-elle pas facile à trouver? « Même nombre de caractères, mauvaise lecture, faute typographique... » Comment? même nombre de caractères entre monsieur et mon cher Malesherbes ! M. Feuillet y voit double! D’ailleurs comment s’expliquer la coïncidence de ces fautes typographiques avec la suppression, dans l’introduction du second tirage, des lignes par lesquelles l’éditeur nous avait trop charitablement avertis que les lettres fausses de Louis XVI se reconnaissent souvent à cette expression malséante : « mon cher, » adressée à un de ses ministres ?

Si, pour ce qui regarde ces prétendues lettres de Louis XVI, la cause est entendue, quelle confiance veut-on que nous ayons dans les autres pièces de cette série, lorsqu’on n’indique pas de provenance qu’il soit facile de vérifier? Cela est très fâcheux, car il y en a d’authentiques dans le nombre; mais il devient très difficile de les distinguer. J’en ai retrouvé plusieurs à nos archives générales, avec d’autres qu’on s’étonne que M. Feuillet n’ait pas données. J’y ai retrouvé par exemple cette lettre de Louis XVI à Bailly, Marly, 16 juin 1789, que l’éditeur a imprimée deux fois dans son recueil, — dans son premier volume d’abord d’après les archives, et puis dans son troisième volume d’après la collection de M. Guizot. Sont-ce deux originaux authentiques, ou bien l’une des deux pièces l’est-elle seule? que de points encore à éclaircir!

Passons aux lettres de Marie-Antoinette. J’ai contesté, sauf deux, toutes celles à la mère et aux sœurs qui se trouvent dans les deux recueils français. J’avais présenté les raisons morales et littéraires dans la Revue du 15 septembre 1865, et j’ajoutais quelques-unes des plus fortes preuves matérielles; ce n’étaient pas là des assertions non démontrées. Je n’ai aujourd’hui qu’à chercher si par sa