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section maximum, forme plane de la base, etc… À chaque millimètre carré de la section transversale correspondent environ 2 décigrammes de plomb, ce qui est presque autant qu’à la balle suisse. Si, malgré cela, les trajectoires n’ont pas la même tension que celles de cette dernière balle, on ne peut l’attribuer qu’à ce que le calibre est plus grand, et le forcement moindre. »

À cette description nous ajouterons quelques chiffres :


Poids total du fusil prussien 5 kilog. 215.
— — sans baïonnette 4 kilog. 850.
Calibre 15 millim.
Calibre de la balle 13 millim. 4.
Vent 1 millim. 8.
Poids de la balle 31 gr.
— de la charge de poudre 4 gr. 90.
— du sabot de la cartouche avec le fulminate… 3 gr.
— de l’enveloppe de la cartouche 1 gr. 3.
— total de la cartouche 40 gr. 2.

Le principal et très grand avantage du fusil prussien, c’est de fournir un tir d’une rapidité très supérieure à tout ce que l’on peut obtenir avec les armes réglementaires encore en usage chez toutes les autres puissances de l’Europe. Pour préciser les choses, nous dirons qu’un homme très expérimenté, il est vrai, a pu tirer avec ce fusil jusqu’à vingt-trois coups en trois minutes, soit presque huit coups par minute. La pratique ne donne pas sans doute de pareils résultats, mais on peut compter que dans le rang le soldat exercé peut arriver à tirer presque cinq coups par minute avec le fusil prussien, tandis qu’il ne peut atteindre à plus d’un coup et demi dans le même espace de temps avec le meilleur des fusils à percussion et à chargement par la bouche.

Avoir la faculté d’envoyer à l’ennemi trois et même peut-être quatre balles pour une, c’est un avantage très manifeste, et qui a paru en Prusse si important qu’il semble avoir été recherché même aux dépens d’autres considérations. Avant d’exposer ce que l’on reproche au fusil prussien, nous ajouterons qu’il se compose d’élémens très simples et très faciles à ajuster ensemble, même par le soldat le moins intelligent, que depuis vingt-cinq ans il est dans les mains des troupes, qu’il a fait trois campagnes, et que par conséquent il doit être considéré comme une arme pratique. Quant aux imperfections que l’on signale, la justesse, la portée et la puissance de ce fusil laissent beaucoup à désirer. D’expériences faites avec grand soin, il résulte qu’à 300 mètres la justesse est bonne, qu’elle décline à 400, qu’elle est médiocre à 500 et presque nulle à 600, où la puissance de l’arme expire. Les balles, même celles du