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LE
DERNIER AMOUR

SECONDE PARTIE[1].


Je résolus donc d’être plus fort que moi-même, plus fort que Félicie, et de vaincre l’amour qui s’était allumé en nous dans de mauvaises conditions. Après le repas du soir, je m’adressai à Tonino.

— Mon cher baron, lui dis-je en souriant, mais avec une fermeté qui le surprit, j’ai à parler avec nos amis. Il faut me laisser avec eux et ne pas écouter à travers les cloisons. Il rougit et pâlit en moins de temps qu’il n’en faut à l’éclair pour traverser la nuée ; mais il trouva une réponse aimable et enjouée, et se retira.

Je savais bien qu’il se mettrait quelque part pour écouter. Je lui en voulais d’autant moins que mon avertissement avait provoqué son attention et sa curiosité.

Resté seul avec le frère et la sœur, je vis que celle-ci tremblait et me dérobait son visage en feignant de ranger les tasses, tandis que Jean, bourrant sa grosse pipe allemande d’un air de bonne humeur, levait sur moi ses yeux sincères et semblait me dire : Nous y voilà, tant mieux ; allons, courage !

Je n’étais pas intimidé. — Mes amis, leur dis-je avec la triste sérénité d’un homme qui accomplit un sacrifice très grand, mais très nécessaire, j’ai beaucoup réfléchi à nos respectives positions. Me

  1. Voyez la Revue du 1er juillet.