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la rédaction la part du maître et celle de son disciple Gérard de Borgo San-Donnino, qui, selon frà Salimbene, fut le seul auteur de l’ouvrage ? C’est ici que les documens inédits viennent jeter beaucoup de lumière. Nous espérons montrer que des fragmens de l’Évangile éternel et les pièces de la procédure dont il fut l’objet sont venus jusqu’à nous.


IV. — DOCUMENS ORIGINAUX QUI SERVENT À ÉCLAIRCIR LA QUESTION DE l’ÉVANGILE ÉTERNEL.

Ces documens sont conservés dans deux manuscrits de la bibliothèque de l’ancienne Sorbonne, maintenant à la Bibliothèque impériale (fonds de Sorbonne, n° 1726, XIVe siècle, 1706, XVe siècle), et dans un manuscrit ayant autrefois appartenu au collége de Navarre, maintenant à la bibliothèque Mazarine (n° 391, XVe siècle). Ces manuscrits ne sont pas restés entièrement inconnus aux critiques. Les deux savans dominicains, Quélif et Échard, qui se livrèrent à un dépouillement minutieux des manuscrits de la Sorbonne, avaient cité un passage tiré du n° 1726, incidemment il est vrai, à l’article de Hugues de Saint-Cher[1]. M. Daunou eut connaissance du fragment cité par Quétif et Échard, et en fit usage dans son excellent travail sur Jean de Parme ; mais il ne recourut pas au manuscrit original. M. Victor Le Clerc aperçut immédiatement l’importance des documens contenus dans ce manuscrit et le parti qu’on en pouvait tirer. Le n° 1706, bien moins complet que le n° 1726, fut employé par l’évêque de Tulle, Du Plessis d’Argentré, pour sa grande compilation : Collectio judiciorum de novis erroribus (tome Ier, Paris 1724). M. Hauréau l’a repris et examiné. Quant au manuscrit actuellement déposé à la bibliothèque Mazarine, j’en dus l’indication au savant M. Taranne, qui l’avait décrit en vue du catalogue commencé par lui des manuscrits de ladite bibliothèque.

Les pièces relatives à l’Évangile éternel contenues dans ces trois manuscrits sont au nombre de quatre.

I. — Dans le n° 1726 de Sorbonne, et seulement dans ce manuscrit[2], se trouve un écrit portant pour titre : Exceptiones librorum viri eruditissimi venerabilis Joachim, primi Florentium abbatis, de pressuris seculi et mundi fine et signis et terroribus et

  1. Script, ord. Prœd., t. Ier, p. 202.
  2. Le manuscrit de Sorbonne 1726 se compose de fragmens divers réunis ensemble et ayant chacun une pagination distincte. La partie qui seule nous intéresse renferme 100 feuillets. On lit sur le dernier feuillet les notes suivantes écrites de différentes mains : Errores qui continentur in Introductorio in Evangelium eternum et in libro Concordiarum Joachim : puis : In hoc volumine continentur extractiones librorum Joachim, et extractiones de Evangelio eterno, et reprobationes eorumdem. — Quod volumen est pauperum magistrorum de Sorbona, ex legato magistri Petri de Lemovicis, quondam socii domus hujus. — Pretii 20 solidorum. — 39us inter originalia mixta sanctorum. — Residuum require in papiro post librum de gradibus electorum. — Chatenabitur.