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signala un jour des cas d’empoisonnemens occasionnés par un certain vinaigre ; l’appareil de Marsh révéla que le vinaigre suspect contenait de l’arsenic. Le conseil d’hygiène, remontant de détaillant en détaillant au fabricant de vinaigre, trouve chez lui du vinaigre irréprochable, mais qui était un peu faible, et auquel on ajoutait, dans l’usine même, quelques centièmes d’acide acétique avant l’expédition au dehors. Cet acide acétique contenait de l’arsenic. On remonte au fabricant d’acide acétique, qui habitait les environs de Dijon. Celui-ci traitait par l’acide sulfurique l’acétate de soude, produit définitif des manipulations successives auxquelles sont soumis les produits pyroligneux dans la carbonisation du bois en vases clos. Il achetait cet acide sulfurique à une usine qui utilisait le soufre indigène des pyrites martiales ; de là tout le mal. Ces pyrites sont presque toujours arsenicales ; l’acide arsénieux, produit en même temps que l’acide sulfureux, se rendait avec lui dans les chambres de plomb, se dissolvait dans l’acide sulfurique et lui restait uni. Il fallut renoncer à employer l’acide sulfurique provenant du soufre indigène dans la préparation de tout composé alimentaire, acide acétique, tartrique, eau de seltz, sirops de glucose, etc. Il restait cependant assez d’applications possibles pour que l’exploitation des pyrites martiales présentât des avantages, vu les prix auxquels se maintenaient les soufres de Sicile. Les neuf dixièmes du soufre consommé en France, soit à l’état de soufre, soit à l’état d’acide sulfurique, peuvent aujourd’hui sans inconvénient être obtenus par le traitement des pyrites. Cette industrie, devint même florissante lorsqu’en 1850 une terrible épidémie végétale vint désoler une partie de l’Europe, la maladie de la vigne. On constata que le soufre combattait efficacement le développement des végétations cryptogamiques qui causaient cette maladie. Un débouché considérable s’ouvrit au soufre sublimé ou réduit en poudre, indigène ou étranger. Il est facile de distinguer à première vue le soufre sublimé du soufre réduit en poudre. L’un est de la fleur de soufre et se prend en masse, comme de la neige, quand on le serre dans la paume de la main ; l’autre est simplement du soufre pulvérisé et reste pulvérulent sous la pression des doigts. Revenons à la soude.

La première opération du traitement du sel marin exigeait d’un côté d’immenses quantités d’acide sulfurique, elle produisait de l’autre de véritables torrens d’acide chlorhydrique gazeux. Ce fut là un embarras grave. On condensait cet acide chlorhydrique, autant qu’on pouvait, dans une série de vases remplis d’eau, au travers desquels on forçait le courant gazeux à passer : on obtenait ainsi, il est vrai, des dissolutions acides qui avaient une valeur commerciale ; mais on ne tarda pas à produire beaucoup plus