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sincère. C’était l’empereur Joseph II, son fils, plutôt qu’elle-même qui avait engagé l’affaire de la succession de Bavière. Joseph avait pris la conduite de l’armée sans réussir dans la campagne : les armes autrichiennes avaient été humiliées. L’impératrice, ayant échoué elle-même dans ses négociations diplomatiques, se résolut à faire la paix en dépit de l’empereur, et la cour de Vienne se vit réduite, non sans regret, à invoquer l’intervention amicale de la France en vue de cette paix de Teschen qui, en mai 1779, plaça définitivement la Prusse à la tête de l’Allemagne. Ce rôle final d’officielle médiation qui échut à la France disculpa Marie-Antoinette, qui n’avait cessé de considérer comme liés ensemble les intérêts de ses deux patries. « J’ai tous les motifs réunis d’agir, disait-elle en octobre 1778, car je suis bien persuadée qu’il y va de la gloire du roi et du bien de la France, sans compter le bien-être de ma chère patrie. » Elle était certainement sincère, mais la pente où elle s’engageait n’en pouvait pas moins paraître dès lors glissante et périlleuse. — Une pareille épreuve allait se présenter encore une fois pour elle avant l’époque de la révolution.

En 1784, l’entreprenant Joseph II s’avisa de réclamer, en dépit des traités conclus avec la Hollande, l’ouverture de l’Escaut et la possession de Maestricht. Un de ses vaisseaux auquel il avait ordonné de forcer le passage du fleuve fut canonné par les Hollandais. Aussitôt il réunit des troupes afin d’appuyer ses prétentions par les armes, et en même temps il se préoccupa des dispositions de la France. Ce fut encore Marie-Antoinette qui fut chargée de prendre en main sa cause. Marie-Antoinette, suivant La Marck, « refusa de se mêler de cette affaire, et se borna à demander qu’on aidât son frère à se tirer le plus honorablement possible de l’embarras dans lequel il s’était si étourdiment engagé. L’événement a prouvé que la reine avait résisté à tous les efforts de son frère. » Les documens authentiques parlent autrement. Dans le livre de M. d’Arneth, Marie-Antoinette ne se montre pas moins ardente pour cette affaire que pour celle de 1778. Après avoir plus d’une fois déjà pressé le roi, elle écrit à son frère le 22 septembre 1784 :


« Je ne vous contredirai pas sur le défaut de vue de notre ministère. J’en ai parlé plus d’une fois au roi, mais il faudrait le connaître pour juger du peu de ressources et de moyens que me fournissent son caractère et ses préjugés. Il est de son naturel très peu parlant. Quand je lui reproche de ne m’avoir pas parlé de certaines affaires, il ne se fâche pas, il a l’air un peu embarrassé, et quelquefois il me répond naturellement qu’il n’y a pas pensé. M. de La Vauguyon l’avait effrayé sur l’empire que sa femme voudrait prendre sur lui, et son âme noire s’était plu à l’effrayer par tous les fantômes inventés contre la maison d’Autriche. M. de Maurepas a cru